Étudiants

Corinne Cuisinier : porteuse de l’axe Féminisation

Par Corinne Cuisinier (ICiv 80), Responsable du groupe de travail sur la Féminisation dans le Comité de Campagne de la Campagne 2021-2026 de la Fondation Mines ParisTech

L’École a fait de la mixité un de ses axes stratégiques. Pourquoi ? Parce que les entreprises ne cessent de se plaindre d’un manque de talents, et qu’il est donc bien dommage dans ce contexte de se passer de la moitié d’entre eux. Or les écoles d’ingénieurs et d’ingénieures, à l’exception des écoles d’agronomie, restent sous féminisées. Il faut donc convaincre les jeunes femmes qu’elles ont leur place dans ces écoles et qu’elles ont les mêmes capacités que leurs homologues masculins. Le documentaire qui devrait être achevé dans les prochaines semaines doit leur montrer les multiples carrières possibles de celles qui ont fait le choix d’une formation d’ingénieure, leur intérêt et leur possible contribution à la construction d’un monde meilleur et durable.
Mais attirer les femmes dans ces filières scientifiques ne suffira pas, si, une fois dans l’entreprise elles se heurtent au plafond de verre, ou si, alors qu’elles décident de créer leur entreprise, elles ne trouvent pas les financements nécessaires.
Pour ceux ou celles qui doutent de la réalité du plafond de verre, de nombreuses études montrent que les femmes qui ont fait des études supérieures ont les mêmes ambitions que leurs camarades hommes (voir par exemple les études de GEF grandesecolesaufeminin.fr), mais leur accès aux postes de responsabilité reste plus difficile. Le chemin est semé d’embuches, qu’il s’agisse des taches dites ménagères, de l’éducation des enfants, et surtout des stéréotypes que la société véhicule, et transmet, consciemment ou non. Le nombre d’enfants est un frein dans une carrière pour une femme, alors que la même question n’est que très rarement évoquée pour les hommes, leur capacité « à déménager » ou à s’expatrier plus souvent questionnée….
Coté financement d’entreprises, on se réfèrera à l’étude du BCG publiée au printemps.

Rapport BCG

La mixité et le financement progressent, mais la route est encore longue ; les startups fondées par des équipes 100% masculines représentent plus de 90% des fonds levés en 2020.
La Fondation Mines ParisTech qui a pour mission de partager et soutenir les ambitions de l’École, a donc complété ces objectifs de mixité par un projet de chaire d’enseignement et de recherche.
– Son premier objectif est de sensibiliser par une approche pédagogique innovante les étudiants et étudiantes : comprendre les stéréotypes que notre éducation et la société nous ont inculqué, ainsi que les biais qu’ils génèrent dans les processus de décision ; apprendre à réagir aux situations sexistes qu’ils et elles rencontreront, devenir acteurs du changement dans les organisations qu’ils et elles intègreront à la sortie de l’école.
– Le deuxième objectif sera de compléter les recherches sur les freins qui persistent dans les carrières des femmes et aider les entreprises à casser le plafond de verre par des recherches nouvelles, encadrées par un comité d’experts et d’expertes, venant du secteur académique, et des groupes et entreprises partenaires.

Intéressée depuis de longues années par cette problématique de l’accès des femmes aux postes de responsabilité, je suis ravie de piloter le groupe de réflexion de la fondation sur ce thème, et remercie vivement les participants et participantes pour leur ouverture d’esprit, leur apport méthodologique pour bâtir à l’École des Mines de Paris, une formation d’excellence dans ce domaine, et pouvoir appliquer à la mixité la devise de l’école : Théorie et pratique.
Un grand merci à nos mécènes BNP Paribas, Engie, Safran, et Vinci qui ont rendu possible le tournage du documentaire.

Les projets détaillés de l’axe Féminisation

2021 : une nouvelle promotion d’Ingénieurs civils

Après la journée de présentation de l’Ecole aux parents le 28 août, les élèves de la P21 ont fait leur rentrée le 30 août. Pour mieux comprendre la rentrée, quelques infographies :

Bien que l’Ecole soit désormais adaptée à l’enseignement à distance, à partir de cette rentrée 2021, retour à la normale dans les couloirs de l’Ecole des Mines de Paris où les élèves pourront se perdre et retrouver le contact avec les professeurs au quotidien.
Notre Ecole tient sa force de l’enthousiasme et l’excellence de ses étudiants alors soyez vous même, faites vous plaisir, tâtonnez, découvrez, soyez en phase avec vos valeurs !” Vincent Laflèche (P84), directeur général de l’Ecole des Mines de Paris
Bonne rentrée à tous !

Elisabeth Aubert, témoignage d’une femme ingénieure


Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après une classe préparatoire aux Grandes Écoles, j’ai suivi un double cursus d’ingénieur en physique- chimie à l’ENSIC Nancy et Chimie ParisTech.  A la fin de mes études, je suis rentrée dans le Groupe Gaz de France [actuel ENGIE] à la Direction de la Recherche. Le fil conducteur de ma carrière est la transition énergétique & écologique, je suis personnellement très investie sur ces sujets et il est important pour moi de pouvoir aligner mes convictions avec mon travail.
J’ai, tout au long de ma carrière, travaillé sur des sujets « pionniers », de préparation de l’avenir et en particulier sur la décarbonation des technologies de l’énergie et des assets industriels.
A la Direction de la Recherche, j’ai accompagné dès 2004 le développement de la filière biogaz en France aux cotés des villes & collectivités. Puis j’ai pris la direction de deux projets : un premier projet de recherche puis un projet de démonstrateur industriel d’une technologie de réduction des émissions de CO2 des centrales au charbon. J’ai contribué à cette même période à la première stratégie de lutte contre le changement climatique de Gaz de France, c’était en 2007.
J’ai ensuite rejoint GRDF, le distributeur de gaz naturel en France, pour m’occuper du développement et du déploiement des offres d’énergies renouvelables dans le bâtiment en réponse à la réglementation thermique RT 2012. Puis j’ai piloté une réflexion stratégique pour GRDF sur la durabilité des bâtiments (éco-conception, ACV, économie circulaire) et c’est en parallèle de ce poste que j’ai suivi le Mastère Exécutif Spécialisé en RSE et Développement Durable (MS RSEDD) de Mines ParisTech. Après 10 ans de carrière, c’était un réellement engagement que de se replonger dans les études. Je travaillais déjà sur des projets de RSE et de DD de façon opérationnelle et concrète. Mais j’avais envie d’avoir les apports théoriques nécessaires pour prendre de la hauteur. Je trouvais aussi que ça compléterait bien mon diplôme d’ingénieur. Et c’est effectivement un vrai atout aujourd’hui dans ma carrière, parce qu’avec mon cursus d’ingénieur et ce mastère j’ai la capacité d’appréhender les sujets complexes d’un point de vue technologique & industriel mais aussi environnemental & sociétal.
Après ces riches expériences chez GRDF, on m’a proposé de rejoindre ENGIE University, l’Université Corporate rattachée à la DRH Groupe, au moment où ENGIE accélérait fortement ses engagements pour la transition énergétique. J’ai créé l’activité et le portefeuille de programmes autour de la transition énergétique, la RSE, les nouvelles technologies. Je mets tous les jours à profit mon expertise pour accompagner les collaborateurs dans les transformations du Groupe et les aider à mieux comprendre les enjeux stratégiques et l’évolution de nos métiers. Je suis convaincue que donner du sens et des clefs de compréhension est le premier pas pour susciter l’envie de s’engager, d’être acteur.

Quel est votre lien avec l’Ecole des Mines aujourd’hui ?
Le lien existe depuis longtemps car, dès 2006, on m’a proposé par l’intermédiaire de l’AFG [Association française du Gaz ndlr.] de donner des cours dans le Mastère Ingénierie et gestion du gaz (MS GAZ) de l’École. J’ai formé les élèves sur les enjeux des gaz verts et du biogaz, puis au fur et à mesure de l’évolution de mes postes, sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans les bâtiments.
En 2014-2015, j’ai été moi-même élève à l’École, puis deux ans après mon diplôme, Jasha Oosterbaan, la Directrice de l’ISIGE et du MS RSEDD, m’a proposé d’intégrer le Comité d’Orientation de ce MS. J’en suis ravie car cela me permet de garder un lien avec le MS, le comité a pour objectif de passer en revue les promotions mais aussi de réfléchir aux orientations à donner au Mastère. Chaque année nous veillons à enrichir le cursus en proposer de nouveaux sujets ou de nouvelles modalités pédagogiques. J’apporte ma contribution à la fois par mes compétences en ingénierie pédagogiques mais aussi sur ma connaissance du contexte industriel et des besoins des entreprises.
Enfin, cette année j’ai postulé pour être au Conseil d’Administration de Mines ParisTech Alumni. J’avais envie en tant que Mastérienne de représenter ma formation, aujourd’hui peu représentée au conseil. Nous sommes dans un monde qui évolue très vite et nos connaissances deviennent de plus en plus rapidement obsolètes. Je suis donc convaincue que les MS sont très importants dans une carrière, pour mettre à jour ses connaissances, continuer à se former pour être en capacité d’innover et de créer de la valeur.

Qu’est-ce qui vous a incité à participer au documentaire Femmes Ingénieures ?
Ce sont mes collègues Valérie Gaudart, directeur du pôle Culture et Communauté et Elisabeth Richard en charge du réseau WIN (Women in Networking), réseau des femmes chez ENGIE qui me l’ont proposé. Elles ont pensé à moi car elles connaissent mon engagement pour la place des femmes dans les métiers scientifiques et d’ingénieurs. Je suis impliquée depuis plus de 10 ans dans le réseau WIN, j’anime notamment un groupe pour créer des conditions de bienveillance, d’entraide, de conseils entre des femmes qu’elles soient nouvelles arrivantes ou en pleine réflexion après 20 ans de carrière. Je suis également marraine et bénévole dans l’association « Elles Bougent » qui a pour objectif d’encourager les jeunes filles à aller dans métiers technologiques et d’ingénieurs.
Participer à ce documentaire est une façon de plus pour moi de contribuer à la place des femmes dans les métiers scientifiques. Et le tournage au Musée de Minéralogie des Mines restera un excellent souvenir !

Quelles sont les racines de votre engagement pour la reconnaissance des femmes dans les parcours scientifiques ?
En classes préparatoires scientifiques, nous étions 40-45 élèves et seulement 5 filles et mon professeur de mathématiques avait dit au premier cours du début d’année « vous êtes beaucoup de filles cette année ». Étrange interpellation n’est-ce pas ? Je peux vous dire que cela vous marque ! Au passage en maths spé., nous n’étions plus que 3. Autour de moi, j’avais beaucoup d’amies qui aimaient les matières scientifiques mais qui se disaient qu’elles allaient échouer et rien n’était fait pour les aider à lever ses barrières. De mon côté, je ne me suis pas posé de questions, j’adorais la physique et la chimie, et même si je ne savais pas vraiment réellement ce que ça représentait car je n’avais pas de modèle dans mon entourage je savais depuis le collège que je voulais être astrophysicienne ou ingénieure.  Et aujourd’hui, je suis fière d’être allée jusqu’au bout. J’invite les jeunes filles à persévérer dans leur rêve. Soyez audacieuses !
Aujourd’hui je constate avec regret qu’il y a encore trop peu de filles en classes préparatoires et dans les cursus scientifiques.  Il faut absolument que, dès l’enfance, les petites filles puissent s’identifier à des rôles modèles en particulier dans les manuels scolaires et les médias et se dire « moi aussi j’en serai capable demain… d’être astronaute ». Mais d’ailleurs combien de fois avez-vous entendu parler de Megan Mc Arthur, actuelle co-pilote de Thomas Pesquet, sans doute la plus qualifiée de l’équipage et celle qui a volé le plus loin jusqu’au télescope Hubble…. Avec le recul je me rends compte que la seule et unique femme scientifique de mes manuels scolaires c’était Marie Curie, c’est peut-être elle d’ailleurs, qui m’a donné l’envie de faire de la chimie.
Ce que j’ai envie de retenir de positif c’est que les choses progressent et particulièrement en entreprises, chez ENGIE nous avons lancé le programme 50/50 avec pour objectif d’avoir 50% de femmes managers dans le Groupe à échéance 2030.

4L Trophy, un raid étudiant et humanitaire


Alternantes de la formation ingénieur en énergétique ISUPFERE à l’Ecole des Mines de Paris, Laurine et Angèle rêvent depuis septembre 2020, de se lancer dans l’aventure.
Réservé aux moins de 28 ans, le 4L Trophy est un raid automobile solidaire dans les dunes de Sahara. Chaque année, il réunit plus 2500 jeunes en Renault 4L sur les routes ensablées de l’Espagne jusqu’au Maroc. L’édition de 2022 sera particulière avec l’anniversaire du 4L Trophy qui fête ses 25 ans. Un périple de 10 jours qui se termine à Marrakech.
Véritable défi humain, ce raid est avant tout une course d’orientation où la collaboration et la solidarité sont les mots clés pour réussir. Mais c’est aussi un défi humanitaire grâce à la collaboration avec l’association « Enfants du désert » et la Croix rouge française. Une partie des fonds contribue à la construction d’écoles et les participants du rallye acheminent du matériel scolaire. Enfin, c’est un défi personnel, un projet formateur permettant de se dépasser et de « sortir de sa zone de confort ».
« C’est une occasion de mettre en avant la formation ingénieur en alternance de Mines ParisTech qui est encore peu connue par les étudiants. Plus largement, nous souhaitons défendre la place des femmes dans les milieux encore très masculins aujourd’hui, comme les métiers d’ingénieurs et les postes à haute responsabilité. » Laurine et Angèle

Documentaire Femmes ingénieures

La Fondation Mines ParisTech, s’engage en produisant un documentaire qui a pour objectif de faire évoluer la vision des métiers des ingénieur.e.s, des carrières possibles, ainsi que des études et de leur accessibilité.
En effet, les stéréotypes véhiculés tant par les médias, que par le système scolaire, poussent les jeunes filles à s’orienter plutôt vers la biologie ou la médecine voire vers des filières non scientifiques et on constate une forte érosion entre les terminales à dominante scientifique, où il y a pratiquement parité de genre, et les classes préparatoires.
Il en résulte un taux moyen national d’environ 28% de filles étudiantes en écoles d’ingénieur.e.s (donnée issue de l’enquête 2018 de IESF Ingénieurs Et Scientifiques de France). A noter que ce taux peut varier selon les écoles (les écoles de Chimie sont beaucoup plus féminisées que celles en informatique par exemple).
Destiné à des collégiennes et des lycéennes, mais également au corps enseignant et aux parents, le documentaire répond notamment au cahier des charges suivantes :
• Modifier l’image des classes préparatoires et de montrer qu’il y a différentes portes d’accès aux écoles d’ingénieur.e.s ;
• Montrer l’intérêt des études en école d’ingénieur.e.s ainsi que la variété des métiers ; Par des interviews en situation, de femmes de tous secteurs industriels, ou de services, en mettant en avant la variété des possibilités de carrières offertes aux ingénieures, et en prouvant que celles-ci ne sont pas incompatibles avec une vision humaniste et éthique des organisations.
• Changer l’image de l’industrie trop souvent désuète
C’est par l’intermédiaire de la Femis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son) – qui fait partie de Paris Sciences & lettres au même titre que notre Ecole – que nous avons rencontré Raphaël Duvernay, réalisateur et associé de Biper’Ad, à qui nous avons confié notre projet.
Passionné de portraits, de métiers et de rencontres, Raphaël aime allier l’exercice du documentaire vérité, tout en portant une attention particulière à la composition du cadre et à l’esthétisme de l’image. Réalisateurs engagé, il a notamment réalisé une dizaine de films courts “FOR WOMEN IN SCIENCE” (Bourse L’Oréal/Unesco).
Ce projet est rendu possible grâce au soutien de nos partenaires BNP Paribas, Engie, Safran et Vinci.

Mines Parité : une association engagée

Interview de Eva Decorps, Présidente de “Mines Parité”

Peux-tu te présenter ? Présenter l’association Mines Parité ?
Je suis Eva Decorps, je suis co-présidente de l’association Mines Parité. Initialement c’était un acte d’entreprendre réalisé par des étudiantes. Désormais c’est une association. Le but est de sensibiliser au sexisme, de mettre en place des actions pour aller contre le sexisme à l’École et dans les moments partagés en dehors de l’École (WE intégration, soirées, Maison des Mines) et de sensibiliser les étudiants et les étudiantes.

Quelles sont vos actions ?
Il y a eu plusieurs campagnes d’affichage réalisées l’année dernière. Cette année, de manière plus concrète, on est en train de mettre en place une cellule d’écoute pour les violences sexistes et sexuelles. On a beaucoup travaillé là-dessus cette année avec le soutien de l’École : nous travaillons avec la Direction de l’École pour mettre en place  cette cellule. Dans le cadre de cette cellule d’écoute, on a fait une enquête dont les conclusions vont être rendues à la direction.

Pourquoi avez-vous décidé de faire ce rapport ?
C’était important d’avoir une vision objective de ce qui se passe à l’École des Mines pour prendre les mesures appropriées si besoin. On voulait inciter les gens à témoigner s’ils/elles ont été soumis à ce type de violences.

Est-ce que Mines Parité prend aussi en compte les problèmes LGBTQ+ ?
Oui nous englobons toutes les problématiques liées au genre dont les violences homophobes et transphobes. Le but de la cellule d’écoute est de prendre en compte tous ces aspects.

Comment as-tu été sensibilisée et pourquoi as-tu choisi de t’engager ?
Ça fait longtemps que je suis sensibilisée à ces problématiques et que je me revendique féministe. Depuis le collège via internet avec un média en ligne qui s’appelle Mademoiselle. C’est comme ça que j’ai découvert le féminisme. J’ai toujours eu envie de m’engager là-dedans. On m’a souvent dit que je ne pouvais pas faire certaines choses, suffisamment souvent pour que ça me marque. Je ne pouvais pas faire ces choses parce que j’étais une fille et ça m’a beaucoup frustré et révolté. Avant même de rentrer aux Mines, j’étais engagée et je voulais porter ce combat.
Et à côté de ça, rentrer aux Mines, dans une école d’ingénieurs, c’est un pied de nez aux obstacles rencontrés pour les femmes qui cherchent à faire des Maths sup.
Pour le coup, pour moi, ça a été assez naturel parce que ça me plaisait.

Est-ce que vous organisez des séminaires ?
Pour l’instant on n’en a pas organisé mais avec Sciences ParisTech au féminin, on a participé à « Parcours d’ingénieures ». Ce sont des conférences où on invite des femmes ingénieures qui parlent de leur parcours et échangent sur les problèmes plus spécifiques d’être une femme dans un milieu d’hommes. C’est ouvert à tous mais il n’y a pratiquement que des femmes qui viennent assister.

Vous êtes nombreux dans l’association ?
On est 4 membres actifs, 3 filles et 1 garçon et ce sont 4 filles qui reprennent l’association pour la rentrée 2021. C’est un problème qui n’est pas du tout saisi par les hommes maintenant et c’est dommage.

Quand tu échanges avec tes camarades, tu arrives à comprendre pourquoi ce n’est pas perçu par les hommes ?
Je pense que beaucoup ne se rendent pas compte de ce que ça peut être de vivre le sexisme au quotidien et qu’il y a plein de problèmes. Ils pensent que ce n’est plus un problème maintenant. Par ailleurs, pas mal d’hommes ne se sentent pas légitimes ou ne veulent pas être affiliés aux féministes qu’ils trouvent extrêmes. Ça reste trop rare.

As-tu un message à porter ?
Le plus gros défi est de changer toutes les mentalités. L’association s’adresse trop aux convaincus.

Comment vous faites d’ailleurs pour communiquer ?
On a une page FB sur laquelle on fait des communications assez régulières et sur Zimbra de temps en temps. On a aussi fait une collecte de protections hygiéniques et pour ça, on passe par Zimbra ou la page FB du BDE.

Est-ce que vous vous sentez soutenu même si tous les élèves ne s’engagent pas ?
Dans la majorité, il n’y a pas de défiance mais parfois, certaines personnes prennent assez mal ce qu’on fait. L’an dernier, des affiches autorisées par la Direction des Études, ont été arrachées donc il y a des gens que ça gêne. Les affiches ne concernaient que des statistiques assez factuelles. Avec Sciences ParisTech au féminin, on avait lancé une forme de mentorat qui ne s’adressait qu’aux personnes susceptibles de souffrir de discrimination de genre. Il y avait aussi un mentorat axé management paritaire ouvert à tout le monde. On nous a dit que c’était la mort de la démocratie et des valeurs républicaines de faire du mentorat non-mixte.

Portraits de Mineurs : Véronique Jacq

Fondée en 1783, l’Ecole des Mines de Paris a formé des générations d’ingénieurs. A travers le temps, elle a su adapter ses enseignements aux besoins technologiques de son époque à l’évolution de la société.
Mais une école c’est aussi des élèves et leurs parcours. Nous vous proposons une série de portraits en allant à la rencontre de Mineurs, de différentes générations.
Nous poursuivons notre série avec un portrait de Véronique Jacq ICiv 88 et ICM 91.

Comment et pourquoi avez-vous décidé de devenir ingénieure et d’intégrer l’Ecole des Mines ?
Le modèle de mes parents a été très inspirant, ils sont tous les deux ingénieurs. Ils m’ont montré la voie, en particulier ma mère qui a fait des études d’ingénieur à une époque où peu de femmes se lançaient dans ce type d’études. Elle a fait une carrière de chercheur au CNRS dans des domaines à la croisée de la chimie et de la pharmacie. Dans mon milieu familial, j’ai toujours été encouragée à faire des études supérieures et le choix de faire des études scientifiques a été très naturel. J’avais du goût pour les matières littéraires mais je me sentais beaucoup plus à l’aise en mathématiques ou en chimie. Je n’ai donc pas beaucoup hésité.
D’abord les classes préparatoires à Reims au lycée Clemenceau puis les Mines à Paris. J’ai choisi les Mines plutôt que Centrale Paris. L’Ecole avait une bonne réputation, j’avais demandé leur avis à mes professeurs de classes préparatoires qui m’ont encouragée à faire l’Ecole des Mines. Je me suis dit que ce serait quand même bien d’être à Paris et de profiter du Quartier Latin ! Par ailleurs, plus que dans d’autres écoles, il y avait aux Mines la volonté de développer les sciences économiques et sociales. C’était original à l’époque, on avait des cours de sociologie en tronc commun, tout comme de la finance d’entreprise ou de la comptabilité plus classiques. Cette multidisciplinarité qu’on retrouvait aussi dans les options me semblait un des atouts de l’Ecole.

Vous avez intégré l’Ecole des Mines en 1988, que vouliez-vous faire avec votre diplôme à la sortie ?
Je n’avais pas d’idée arrêtée, si ce n’est de mettre en application les connaissances apprises à l’Ecole dans un métier d’ingénieur. Je voulais mettre en pratique ce que j’avais appris dans les sciences de l’ingénieur. J’aurais trouvé étrange de plonger dans le monde de la banque et du financement d’entreprises à la sortie de l’Ecole, même si mon parcours m’y a menée depuis…

Quel a été votre parcours au sein de l’Ecole ?
J’ai eu un parcours plutôt classique avec une spécialisation en sciences des matériaux et cela m’a permis notamment de faire un stage chez Saint-Gobain. Je suis partie pendant trois mois aux Etats-Unis dans une usine de fabrication de matériaux réfractaires, perdue au fin fond d’une vallée de l’Etat de Virginie-Occidentale. Cela a été une expérience très riche avec la découverte de la vie dans une entreprise industrielle et aussi de la culture américaine, j’étais complètement immergée dans la vie locale, seule Française travaillant dans cette usine, et très vite intégrée à la communauté de personnes travaillant dans l’entreprise. J’en ai gardé un souvenir vraiment très fort, très heureux.

Et qu’avez-vous fait à la sortie ?
J’ai fini mon parcours d’Ingénieur civil, puis j’ai intégré le Corps des mines. Au-delà du cursus de 1988 à 1991, j’ai donc poursuivi mon parcours jusqu’en 1994 avec une formation très fortement pondérée par des stages en entreprise qui représentaient deux années sur les trois années de formation. Mon premier stage m’a menée en Allemagne chez Usinor et mon second stage chez Renault à la direction commerciale installée à Boulogne. Ces deux longues périodes de stage ont été très formatrices, et j’ai beaucoup apprécié, pendant ces trois années, les allers-retours stimulants entre les usines ou les bureaux d’étude de l’entreprise et les bancs d’école où nous avions des cours et régulièrement des conférences sur des thèmes variés.
A la fin du Corps des mines, j’ai commencé mon parcours professionnel à l’Autorité de sûreté nucléaire dont j’ai rejoint le département chargé de contrôler les réacteurs nucléaires de puissance, en clair les réacteurs d’EDF. C’était donc un début de parcours qui répondait parfaitement à mes attentes : difficile d’imaginer une industrie où autant de sciences et de technologies sont mobilisées à la fois ! Depuis la neutronique jusqu’à la mécanique des fluides, en passant par le génie civil ou les sciences humaines avec toutes les problématiques liées aux erreurs humaines dans la gestion ou la maintenance des installations.
J’ai quitté le monde du nucléaire six ans plus tard, en 2003, pour rejoindre l’Anvar, cette agence n’existe plus aujourd’hui car elle a été fusionnée avec Oséo, elle-même absorbée par Bpifrance. L’Anvar était une agence qui était chargée de soutenir la R&D et l’innovation dans les entreprises. C’est le fil rouge de mon parcours professionnel par la suite : se trouver à la croisée de la technologie et de la finance d’entreprise. L’agence était chargée de stimuler l’innovation dans les entreprises, elle le faisait en soutenant, par des financements en avance remboursable ou subvention, les projets les plus prometteurs proposés par les entreprises. Notre analyse s’intéressait aux aspects technologiques mais aussi aux potentialités en termes de marché. C’est là où j’ai commencé à découvrir et apprendre le métier qui est le mien aujourd’hui, financer et accompagner des entreprises technologiques.

Vous travaillez à Bpifrance qui est plus sur un versant financier qu’ingénieur, quels acquis de l’Ecole vous ont aidé dans votre parcours professionnel ?
Chez Bpifrance aujourd’hui, je pilote l’activité d’investissement en capital-risque dans les startups technologiques. C’est une activité que j’ai lancée en 2011 d’abord chez CDC Entreprises, filiale de la caisse des dépôts, puis chez Bpifrance lorsque la banque publique d’investissement a été créée en 2013. Avec mon équipe, nous avons la capacité à détecter très tôt des startups proposant des solutions innovantes et à fort potentiel de croissance. Nous les identifions dès le tour d’amorçage, juste après la création de la startup, ou aux tours suivants. Nous recherchons des entreprises qui ont le potentiel de devenir leader sur leur marché, et donc nous recherchons une combinaison entre une solution très innovante, le plus souvent basée sur des innovations technologiques, un besoin identifié pouvant constituer un marché important et une équipe capable de porter cette ambition. Chez Bpifrance, nous pouvons soutenir des paris très ambitieux grâce à notre capacité d’investissement importante et à une vision à long terme, qui nous permet d’accompagner les entrepreneurs dans la durée.
Pour faire ce métier, des compétences variées sont nécessaires. Au-delà du savoir-faire financier et juridique, il faut savoir évaluer des technologies et également savoir évaluer la qualité des équipes que nous rencontrons. Je mobilise donc des connaissances très variées, qui ne se réduisent pas, de loin, à des connaissances sur la finance d’entreprise, mais aussi des connaissances sur les technologies, sur le processus qui conduit de la première version d’un produit technologique à une solution commercialisée en masse sur un marché.

Quels liens gardez-vous avec votre promotion ?
J’ai des liens avec une petite dizaine d’élèves et des liens d’amitié très profonds avec certains. On se voit très régulièrement.

Réunion de promotion de la P88

Comment avez-vous vécu vos années à l’Ecole des Mines à une époque où l’Ecole venait de s’ouvrir au recrutement de femmes ?
Je n’ai pas ressenti de difficultés particulières dans ma scolarité sur ce plan, nous étions effectivement peu de filles à l’Ecole, mais l’ambiance était très bonne. Je pense qu’en tant que filles, nous étions très fières d’avoir suivi un parcours scientifique.
Dans mon parcours professionnel, je pense avoir été privilégiée et ne pas avoir souffert d’être une femme à aucun moment. Le passage par le Corps des Mines a agi comme un accélérateur dans ma carrière en me donnant très vite des responsabilités sur des équipes et sur des projets. J’ai pu ainsi rebondir d’un poste à l’autre, en gagnant à chaque fois plus d’expérience et de compétences dans de nouveaux domaines et donc plus de crédibilité.
Je conçois cependant que des femmes puissent ressentir des freins dans leur parcours professionnel. En tant que manager, je suis très attentive à ma politique de recrutement et, puisque j’ai eu la chance de pouvoir recruter toutes les personnes qui composent aujourd’hui mon équipe d’investissement, j’ai eu à cœur de trouver un équilibre entre des profils féminins et des profils masculins. Mon équipe est aujourd’hui strictement à la parité. C’est atypique dans le domaine du capital-risque puisque les femmes n’y représentent pas plus de 20% des investisseurs. Des équipes pilotées par des femmes, c’est encore plus rare !
Je suis convaincue que les échanges sont plus sereins, plus féconds dans une équipe qui mêle des femmes et des hommes, cela vaut pour n’importe quel domaine. Dans mon métier, une composante importante de notre décision d’investissement relève de l’évaluation que nous faisons de la qualité de l’équipe dirigeante. La mixité de notre équipe évite, je crois, des biais qui pourraient exister dans notre jugement, liés au genre des porteurs de projet. Nous avons pu financer de nombreuses entreprises portées tant par des hommes que par des femmes, plus de 90 startups depuis le lancement de l’activité. Je constate que les femmes peuvent porter des projets tout aussi ambitieux que les hommes, et qu’elles arrivent à mener de front leur vie professionnelle et leur vie personnelle, sans impact sur la vie de l’entreprise. Ce qui compte, c’est plus la qualité de l’entourage de la dirigeante ou du dirigeant, une entreprise qui fonctionne bien est portée par une équipe de personnes compétentes, qui se complètent et qui s’entendent bien.

Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre passage à MINES ParisTech ?
La solennité de la journée d’accueil dans le grand amphi.
J’ai aussi en tête des moments plus festifs, notamment le weekend d’intégration, les concerts organisés avec d’autres élèves de la promo dans la salle aux colonnes. C’est à cette époque que j’ai noué des liens avec les élèves musiciens de la promo parce que je fais du piano. J’avais arrêté pendant la classe prépa et je m’y suis remise avec beaucoup d’enthousiasme. C’étaient des moments de grand plaisir, nous passions des soirées au sous-sol de la maison des mines où se trouvait le piano avec des amis musiciens, notamment une très bonne amie qui faisait du chant, et qui m’a fait beaucoup progresser en déchiffrage à la volée ! J’en ai de très bons souvenirs, beaucoup de joie et de fous rires !

Etiez-vous à la Maison des Mines ? Que vous a apporté cette vie en communauté ?
J’y ai vécu de très bons moments d’amitié, de bavardages, de rires les uns avec les autres. J’avais vécu la prépa comme deux années de vie monacale où je ne faisais que bosser et je n’avais qu’une hâte, c’était de faire autre chose, faire des rencontres, retrouver des amis, faire de la musique avec d’autres amateurs comme j’ai pu le faire avec bonheur à la Maison des mines.

Vous avez accompagné le ClassGift P18 en 2020 et êtes donatrice de la Fondation. Pourquoi choisissez-vous de soutenir les projets de la Fondation ?
J’ai été très heureuse d’être marraine du projet ClassGift porté par les élèves de la promotion 2018. Je trouve formidable que les jeunes promotions s’investissent dans la transformation de leur Ecole. Notre école doit vivre et se renouveler, et les élèves qui la fréquentent tous les jours sont bien placés pour imaginer les transformations dont elle a besoin. Quand je suis venue visiter la salle des boîtes aux lettres avec les élèves, je me suis rendu compte que ça n’avait pas vraiment changé. Ça ne donnait pas une image de l’Ecole très moderne, ni très accueillante. En discutant de leur projet avec les élèves, j’ai trouvé leurs idées très pertinentes, le projet permettant de créer un lieu plus ouvert, avec une circulation plus facile vers la bibliothèque, les salles de cours ou le jardin, et aussi plus accueillant avec des espaces pour s’assoir et pour discuter. J’espère que cela pourra devenir un espace agréable pour les élèves et tous ceux qui viennent et travaillent à l’Ecole. J’ai également été impressionnée par la ténacité des élèves qui ont gardé le cap pour faire avancer leur projet malgré les vents adverses de la crise de 2020. Et j’ai été ravie de pouvoir les accompagner !

Une Semaine Eclair couronnée de succès

Lancée officiellement lors de la Sainte-Barbe, en décembre 2020, la campagne du ClassGift des P19 a été marquée par la Semaine Eclair, une levée de fonds intense du 6 au 9 avril, ponctuée par des moments de partage, comme la réunion interpromotion du mercredi 7 avril qui a réuni les P19 et des Alumni P*9. Cette soirée a été l’occasion de voir ce qui change (ou non) «à la Mine». Avec un taux de participation de prs de 80% de la P19 pour le financement du « Carreau des Mines », les Ingénieurs civils ont encore une fois prouvé leur attachement à l’École. En effet, pendant cette Semaine Eclair, Hadrien, Léopold, Charlotte, Pierre-Adrien, Ambroise et Arsène ont levé plus de 2 200 € pour leur projet au sein de leur promotion.

Mais qu’est le « Carreau des Mines » ?

C’est une initiative, pensée dès septembre 2019 par des élèves de la P18, pour créer un espace de rencontre convivial, accessible aux personnes à mobilité réduite ; une vitrine de l’École, ouverte sur le jardin.
C’est aussi l’occasion de renforcer l’engagement des élèves pour leur École. En effet, avec le lancement du Grand Quartz, ce projet a pris une nouvelle dimension, en devenant le Petit Quartz. Les élèves sont acteurs de la transformation de leur École et participent au Comité de Pilotage du chantier.
La campagne se poursuit jusqu’en juin pour permettre à chacun d’y contribuer en retrouvant le souvenir de ses 20 ans !

Je soutiens le ClassGift P19

Croissance et gouvernance des ETI en France

Les neufs étudiants de l’Option Economie Industrielle : Sébastien ALARY, Ilyes METHIA, Louis LABAT, Matthieu AUCOUTURIER, Jean AUBRY, Barthélémy SIMON, Elyes KAAK, Arthur LETEMPLE, Carl LAURENT (de gauche à droite)

CONTEXTE

Le Cerna, laboratoire d’économie industrielle de MINES ParisTech a conduit, en liaison avec la Région Ile-de-France et le Club ETI, une étude sur la dynamique industrielle des ETI en Ile-de-France. L’étude s’est appuyée sur les données statistiques disponibles (base Amadeus) et sur une enquête qualitative auprès d’une centaine d’entreprises de la région réalisée entre le 5 et 15 octobre 2020.

L’enquête a été menée par trois économistes, professeurs à l’Ecole des Mines (Olivier BOMSEL, Margaret KYLE et Pierre FLECKINGER), assistés de neuf étudiants de l’option Économie Industrielle.

ETUDE

Les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI), sont les invisibles du paysage industriel français. Moins médiatisées que les PME, les grands groupes ou les startups, leur catégorie a été créée il y a douze ans pour faciliter leur transmission jusqu’alors bloquée par l’ISF. Pourtant, ces entreprises de plus de 250 salariés sont parmi les plus dynamiques et les plus créatrices d’emploi ancré dans les territoires.

En pleine épidémie de Covid, le Cerna a conduit, en partenariat avec la Région Ile-de-France et son Club-ETI, une étude sur le poids économique des 1800 ETI de la région. Rédigé par les neuf élèves de l’option Économie Industrielle, le rapport exploite les données statistiques, mais aussi 60 entretiens menés en face-à-face avec des dirigeants d’entreprises. Il analyse les dynamiques de croissance des entreprises ainsi que l’originalité des formes de leur gouvernance, marquée par l’entrepreneuriat et la maîtrise du risque.

Très attendu par l’industrie, ce rapport insiste sur la nécessité de promouvoir les opportunités professionnelles, notamment pour les jeunes ingénieurs, de ces entreprises dont beaucoup sont leaders de marchés de niche. Il souligne la pertinence de relations durables entre ces entreprises dynamiques mais peu médiatisées et une école de taille intermédiaire, mais à forte réputation, comme MINES ParisTech.

Le rapport a été remis le 01/02/2021

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