Mines Parité : une association engagée

Interview de Eva Decorps, Présidente de “Mines Parité”

Peux-tu te présenter ? Présenter l’association Mines Parité ?
Je suis Eva Decorps, je suis co-présidente de l’association Mines Parité. Initialement c’était un acte d’entreprendre réalisé par des étudiantes. Désormais c’est une association. Le but est de sensibiliser au sexisme, de mettre en place des actions pour aller contre le sexisme à l’École et dans les moments partagés en dehors de l’École (WE intégration, soirées, Maison des Mines) et de sensibiliser les étudiants et les étudiantes.

Quelles sont vos actions ?
Il y a eu plusieurs campagnes d’affichage réalisées l’année dernière. Cette année, de manière plus concrète, on est en train de mettre en place une cellule d’écoute pour les violences sexistes et sexuelles. On a beaucoup travaillé là-dessus cette année avec le soutien de l’École : nous travaillons avec la Direction de l’École pour mettre en place  cette cellule. Dans le cadre de cette cellule d’écoute, on a fait une enquête dont les conclusions vont être rendues à la direction.

Pourquoi avez-vous décidé de faire ce rapport ?
C’était important d’avoir une vision objective de ce qui se passe à l’École des Mines pour prendre les mesures appropriées si besoin. On voulait inciter les gens à témoigner s’ils/elles ont été soumis à ce type de violences.

Est-ce que Mines Parité prend aussi en compte les problèmes LGBTQ+ ?
Oui nous englobons toutes les problématiques liées au genre dont les violences homophobes et transphobes. Le but de la cellule d’écoute est de prendre en compte tous ces aspects.

Comment as-tu été sensibilisée et pourquoi as-tu choisi de t’engager ?
Ça fait longtemps que je suis sensibilisée à ces problématiques et que je me revendique féministe. Depuis le collège via internet avec un média en ligne qui s’appelle Mademoiselle. C’est comme ça que j’ai découvert le féminisme. J’ai toujours eu envie de m’engager là-dedans. On m’a souvent dit que je ne pouvais pas faire certaines choses, suffisamment souvent pour que ça me marque. Je ne pouvais pas faire ces choses parce que j’étais une fille et ça m’a beaucoup frustré et révolté. Avant même de rentrer aux Mines, j’étais engagée et je voulais porter ce combat.
Et à côté de ça, rentrer aux Mines, dans une école d’ingénieurs, c’est un pied de nez aux obstacles rencontrés pour les femmes qui cherchent à faire des Maths sup.
Pour le coup, pour moi, ça a été assez naturel parce que ça me plaisait.

Est-ce que vous organisez des séminaires ?
Pour l’instant on n’en a pas organisé mais avec Sciences ParisTech au féminin, on a participé à « Parcours d’ingénieures ». Ce sont des conférences où on invite des femmes ingénieures qui parlent de leur parcours et échangent sur les problèmes plus spécifiques d’être une femme dans un milieu d’hommes. C’est ouvert à tous mais il n’y a pratiquement que des femmes qui viennent assister.

Vous êtes nombreux dans l’association ?
On est 4 membres actifs, 3 filles et 1 garçon et ce sont 4 filles qui reprennent l’association pour la rentrée 2021. C’est un problème qui n’est pas du tout saisi par les hommes maintenant et c’est dommage.

Quand tu échanges avec tes camarades, tu arrives à comprendre pourquoi ce n’est pas perçu par les hommes ?
Je pense que beaucoup ne se rendent pas compte de ce que ça peut être de vivre le sexisme au quotidien et qu’il y a plein de problèmes. Ils pensent que ce n’est plus un problème maintenant. Par ailleurs, pas mal d’hommes ne se sentent pas légitimes ou ne veulent pas être affiliés aux féministes qu’ils trouvent extrêmes. Ça reste trop rare.

As-tu un message à porter ?
Le plus gros défi est de changer toutes les mentalités. L’association s’adresse trop aux convaincus.

Comment vous faites d’ailleurs pour communiquer ?
On a une page FB sur laquelle on fait des communications assez régulières et sur Zimbra de temps en temps. On a aussi fait une collecte de protections hygiéniques et pour ça, on passe par Zimbra ou la page FB du BDE.

Est-ce que vous vous sentez soutenu même si tous les élèves ne s’engagent pas ?
Dans la majorité, il n’y a pas de défiance mais parfois, certaines personnes prennent assez mal ce qu’on fait. L’an dernier, des affiches autorisées par la Direction des Études, ont été arrachées donc il y a des gens que ça gêne. Les affiches ne concernaient que des statistiques assez factuelles. Avec Sciences ParisTech au féminin, on avait lancé une forme de mentorat qui ne s’adressait qu’aux personnes susceptibles de souffrir de discrimination de genre. Il y avait aussi un mentorat axé management paritaire ouvert à tout le monde. On nous a dit que c’était la mort de la démocratie et des valeurs républicaines de faire du mentorat non-mixte.

Publié le 11 juin 2021

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