Notre CHAIREécole #6

Soutenue par la Fondation Mines ParisTech, la Chaire Economics of Natural Gas a été fondée en avril 2016 par quatre institutions universitaires : MINES ParisTech, l’Université Paris Dauphine – PSL, l’Ecole d’économie de Toulouse et l’IFP. Ces institutions françaises ont été récemment rejointes par l’Institut allemand de recherches en économie (DIW).

François Lévêque, professeur d’économie à MINES ParisTech dirige la chaire, en association avec Olivier Massol, professeur associé à l’IFP School, Anna Creti, professeure d’économie à l’Université Paris-Dauphine, Carole Haritchabalet, professeure à l’Ecole d’économie de Toulouse et Christian von Hirschhausen, professeur à l’Université de technologie de Berlin.

Pour mieux comprendre les travaux, objectifs et perspective d’avenir de la chaire, nous avons demandé à François Lévêque de répondre à nos questions.

Interview de François Lévêque – directeur de la Chaire Economie du Gaz Naturel

Pourquoi avoir créé cette chaire ? Quels étaient les besoins ?

Il y avait deux besoins ; le premier était de comprendre la place du gaz naturel dans la transition énergétique en Europe. Sachant que le gaz naturel est certes, une énergie carbonée, mais beaucoup moins carbonée que le charbon. Lorsque le gaz se substitue au charbon, c’est bon pour la planète. Il y avait le motif de s’interroger sur ce que pouvait être la place du gaz dans le mix énergétique européen, en attendant un monde où il n’y aurait que des énergies renouvelables non carbonées et pouvant être stockées.

La deuxième motivation était liée à un objectif pédagogique de la chaire. Il se trouve qu’en France, les cours d’économie de l’énergie sont en fait des cours d’économie de l’électricité. Ce qui se comprend dans le sens où la France n’est pas productrice de gaz mais grâce au nucléaire, elle a de l’expérience et des capacités en matière d’électricité. L’idée était de compléter les enseignements classiques par des interventions de gens de terrain et des spécialistes de l’économie du gaz.

Y avait-il des objectifs professionnels ? Des recommandations à fournir sur l’avenir du gaz naturel ?

Pas particulièrement, c’est une chaire d’économie. Les économistes sont très nuls en prospective. La discipline sait regarder le passé et on fait de l’économétrie grâce à ces données passées. On sait faire de l’analyse mais généralement, quand on est bon en analyse, on n’est pas assez créatif pour prévoir le futur.

Dans le domaine énergétique, il y a beaucoup de prospective, d’élaboration de scénario, mais ce n’est pas l’objectif de notre chaire.

La fin du cycle est proche puisque la chaire a été lancée en avril 2016, prévoyez-vous un renouvellement ?

Absolument, nous sommes en train d’en discuter avec nos mécènes. Il est prévu un renouvellement de cinq années à partir d’avril 2021.

Quelles sont les conclusions de vos recherches ?

Deux conclusions principalement. Sur l’aspect pédagogique, il y a eu des travaux de thèse qui ont été réalisés grâce au financement de la chaire et qui ont porté sur l’économie du gaz.

Sans cette chaire, nos doctorants auraient travaillé sur l’économie de l’énergie mais en électricité, pas sur le gaz. On a formé des gens, notamment les docteurs, qui autrement n’auraient pas été formés au domaine gazier.

L’autre conclusion est qu’il y a la place en Europe pour du gaz naturel comme énergie de substitution au charbon et comme énergie faiblement carbonée, intermédiaire avant un horizon où l’énergie renouvelable non-carbonée et le stockage permettront de ne plus avoir besoin d’énergies faiblement carbonées, comme le gaz.

Comment envisagez-vous l’avenir de la chaire après son renouvellement ?

Le renouvellement de la chaire est en discussion donc on a des projets mais on ne sait pas lequel va être retenu. Il y a sans surprise des projets qui portent sur les gaz verts que ce soit le méthane ou le gaz bleu d’hydrogène. C’est-à-dire que dans le cadre du renouvellement, la chaire changerait de nom et Economie du Gaz Naturel deviendrait Economie du Gaz. Sachant que le gaz naturel c’est le méthane qui est d’origine carbonée et ce gaz vert est aussi du méthane d’origine agricole. Donc ce serait aussi s’intéresser à l’hydrogène, à la façon dont on peut stocker de l’électricité sous forme d’hydrogène et le réinjecter dans le réseau sous forme d’électricité. On réfléchit à une ouverture plus grande sur l’hydrogène, sur le gaz vert.

C’est une chaire qui s’appuie sur plusieurs institutions, comment se passait cette collaboration ?

Très bien, c’est quelque chose de rare. Souvent chaque école a sa chaire sur des sujets qui sont pourtant les mêmes. Là, ma décision dès le départ était de construire une chaire collaborative. Il n’y avait pas de raison que ce soit mon laboratoire qui réalise ces travaux. Il y avait aussi une raison objective en dehors du fait qu’on est plus intelligent à plusieurs, c’est qu’il y a suffisamment peu de ressources en hommes et en travaux académiques pour les mobiliser, avec des personnes à Montpellier, Dauphine ou Toulouse. Le but était de les réunir et de travailler collectivement dans ce domaine où en France, pour des raisons historiques, la réflexion est insuffisamment développée..

Nos laboratoires étaient proches. Je dirige la chaire mais il y a une directrice scientifique Anna Creti, le directeur exécutif de la chaire Olivier Massol et c’est une équipe de plusieurs institutions.

Pour en savoir plus sur la Chaire Economie du Gaz Naturel

Publié le 8 février 2021

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