Développement durable

La rédaction du livret Mines in Transition en 2021

Rédigé en 2021, le livret Mines in Transition fournit un état des lieux des activités de Mines Paris – PSL, ayant trait à la transition imposée par l’urgence climatique.

De courtes synthèses de ces différents sujets sont proposées dans ce livret, qui est organisé autour des enjeux climatiques en termes scientifiques et de gouvernance, des défis spécifiques pour le secteur de l’énergie et des incidences sur l’industrie et sur nos sociétés. Les centres de recherche et chercheurs de l’École ont été directement impliqués dans la construction de ce document.

L’objectif était de sensibiliser le lecteur à la thématique de la transition et de documenter l’offre de Mines Paris en termes de recherche et d’enseignement sur ces domaines.

Ce support nous fournit, quelques années plus tard, un comparatif avec les nouveaux sujets traités par la recherche à l’École, les nouveaux enseignements fournis et le positionnement de l’établissement.

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The Transition Institute 1.5

Pour faire face à l’urgence climatique et poursuivre la recommandation du GIEC de limiter le réchauffement global à 1,5°C, nos sociétés doivent s’engager vers la neutralité carbone.

Mais de nombreuses questions restent en suspens et nulle part dans le monde les transitions nécessaires ne sont mises en œuvre de manière « significative ». En effet, bien que des objectifs planétaires de réduction des émissions de CO2 particulièrement ambitieux soient adoptés, les stratégies pour y parvenir peinent à émerger et l’on assiste à une dégradation continue de notre environnement.

L’élaboration de cette transition vers un mode décarbonée ne peut se faire en juxtaposant des dires d’experts, des conjectures intuitives et des jugements normatifs. Notre conviction est que seule une approche systémique, prenant en compte les impacts multifactoriels et l’acceptabilité des mesures envisagées, peut amener à dégager des chemins de transitions réalistes.

Pour contribuer à répondre à cet enjeu majeur, l’École des Mines de Paris et sa Fondation se sont associés pour le lancement de The Transition Institute 1.5, l’Institut TTI.5. L’École des Mines de Paris, créée en 1783, s’est toujours donnée pour mission de penser, conceptualiser les défis technologiques auxquels la société française a été confrontée au cours de son histoire. En fédérant autour des enjeux de la transition bas carbone, notre Institut s’appuie sur la complémentarité de compétences et de champs disciplinaires portés par les 18 centres de recherche de l’École des Mines de Paris, afin d’apporter des réponses scientifiques aux défis climatiques en envisageant la question d’un futur régime énergétique, politique, technique, sociétal, économique, compatible avec la neutralité carbone.

L’Institut repose sur les chercheurs, les élèves chercheurs et les élèves de tous nos cycles d’enseignement et s’intègre dans un réseau de partenariats national et international.

Cette structure « hors-les-murs » a vocation à animer une communauté fédérant, au-delà de notre propre communauté scientifique, entreprises, décideurs, institutions, gouvernements, en assurant la diffusion et le dialogue autour des résultats et des solutions issues de nos travaux.

L’institut déploie une réflexion holistique au service d’une véritable transition bas carbone, ainsi TTI.5 porte une démarche scientifique indépendante et inédite.

Nadia Maizi (ICiv 85 / Docteur 92)

* Carbon Capture and Storage
** Carbon Capture, Utilization and Storage

L’institut TTI.5 adopte une approche globale et interdisciplinaire, intégrant les dimensions scientifiques, technologiques, sociales, économiques et géopolitiques.

Cette dynamique est rendue possible grâce au soutien du mécénat, qui joue un rôle essentiel dans le développement de recherches innovantes et le déploiement de solutions concrètes pour la transition.

Les axes de recherche

Les travaux de TTI.5 s’organisent autour de cinq axes stratégiques, chacun explorant un pan essentiel de la transition.

Le design de la transition

Cet axe de recherche explore les mécanismes et les dynamiques des transitions. Par ailleurs cet axe questionne les solutions bas-carbone et leur environnement régulatoire, à savoir, les leviers financiers et les politiques publiques associés à cette transition qui devraient initier puis conduire le processus de décarbonation.

Une planète électrique ?

L’électrification est souvent vue comme la solution clé pour réduire notre empreinte carbone, mais elle pose aussi des défis en matière de ressources, d’infrastructures et de stabilité des réseaux. Cet axe explore les limites et opportunités d’une planète largement électrifiée et a pour objectif de définir les conditions techniques, sociales, organisationnelles et politiques ainsi que les modalités de mise en place de trajectoires qui soient porteuses d’une transition aux différentes échelles.

La planète inclusive

La transition répondant à un problème global, et dans un contexte de ressources limitées, il est nécessaire d’y intégrer toutes les échelles et tous les acteurs de la société tout en assurant une cohérence entre eux. Cet axe de recherche explore donc les outils et les enjeux de gouvernance permettant d’engager l’ensemble des différents acteurs dans la transition de façon cohérente.

La planète comme enjeu d'influence

Cet axe de recherche est dédié à l’analyse des tensions éthiques et géopolitiques qui ont émergé autour des questions de la protection de l’environnement. Dans la mesure où ces enjeux peuvent constituer des facteurs d’inertie et représentent alors des freins à la transition, il est essentiel d’en comprendre les fondamentaux et de décrypter les mécanismes qui les alimentent.

La planète vivante

Cet axe de recherche vise à explorer l’interdépendance entre nos sociétés et le reste du monde vivant dans un contexte de transition, pour comprendre les dynamiques en jeu en reconnaissant leur complexité. Cet axe interroge la façon dont on considère le vivant, sa gouvernance, son statut juridique, ses contributions économiques et sociales au même titre que sa dynamique et son devenir au regard des changements globaux.

Formation et doctorat

TTI.5 ne se limite pas à la recherche : il a également pour vocation de former la prochaine génération d’experts et de décideurs.

L’institut propose plusieurs parcours :

  • Le parcours Académique destiné aux élèves du Cycle Ingénieur civil de l’Ecole.
  • Le parcours doctoral et postdoctoral sur des thématiques clés de la transition.
  • Le Certificat “Planète en Transition” (PeTra) : une formation continue dédiée aux décideurs publics et privés.

Le podcast TTI.5

Depuis août 2024, The Transition Institute 1.5 produit son propre podcast, Planète en transition. Ce rendez-vous audio propose un éclairage nouveau et accessible sur les défis de notre époque, en donnant la parole à des doctorantes et doctorants de Mines Paris – PSL.

Épisodes disponibles sur cette plateforme :

🎙️Soutien public à la rénovation énergétique : un pari gagnant ?

🎙️Se libérer des énergies fossiles : focus sur les enjeux de la région Moyen-Orient Afrique du Nord.

🎙️L’atténuation du changement climatique à l’épreuve de l’équité.

🎙️Plus d’énergies renouvelables, quel rôle pour le citoyen ?

🎙️ Matériaux critiques : comment la transition transforme l’échiquier mondial ?

🎙️ Territoires ruraux : quelle place pour les réseaux de chaleur ?

Rejoindre et soutenir TTI.5

Le succès de The Transition Institute 1.5 repose sur l’engagement d’une communauté d’acteurs issus de la recherche, de l’industrie, des institutions publiques et de la société civile. Vous pouvez contribuer à la mission de l’institut en :

🤝 Faisant un don via la Fondation Mines Paris.

👉 Rejoignant un programme de formation ou doctorat.

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Entrepreneuriat et Développement Durable

Dans le cadre des cours d’Entrepreneuriat et motivés par les expériences vécues pendant leurs études, certains Ingénieurs civils ont développé des startups tournées vers le Développement Durable. Le but : utiliser leurs connaissances pour optimiser les espaces, développer des matériaux économiques et écologiques, réduire notre impact sur la planète.

Découvrez également des start-up impliquées dans un démarche de Développement Durable :

Camille Delamar (P08) a co-fondé en 2017 Écotable qui valorise les restaurants les plus durables et permet ainsi au grand public de les sélectionner. Pour cela l’entreprise s’appuie sur des critères qui tiennent compte de l’ensemble des sources d’impact environnemental et labellise les établissements les remplissant. Écotable offre ses services au secteur de la restauration pour l’accompagner dans sa transition écologique. Parmi les nombreux labellisés on trouve à la fois des restaurants de quartier et des tables étoilées.

En novembre 2021, elle est lauréate du Prix Entrepreneuriat Mines Paris dans la catégorie Emergence

Avec son associé Mansour Niang, Julie Crémieux a développé un modèle qui s’attaque aux défis cruciaux de la gestion des ressources et de la sécurité alimentaire en Afrique. NeoFarm valorise les déchets organiques grâce aux larves de la Mouche Soldat Noire, qui produisent des protéines animales et des engrais organiques, essentiels pour l’agriculture durable au Sénégal.

Le modèle de l’entreprise s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, où rien ne se perd et tout est valorisé.

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Mines Paris pour l’Océan

L’exploration marine représente un défi de taille dans le milieu hostile des océans, avec des conditions extrêmes à aborder. Pourtant, les enjeux environnementaux actuels sont intrinsèquement liés aux écosystèmes marins et grands courants océaniques. Avec plus de 70% de sa surface recouverte d’eau, notre Planète bleue présente un terrain d’exploration infini pour des ingénieurs, engagés pour une transition durable.

Mines Paris pour l’Océan est un projet pédagogique destiné à initier les élèves du Cycle Ingénieur civil de Mines Paris – PSL à l’Ingénierie Bleue, le volet technologique de l’Économie Bleue. Il est proposé aux élèves de s’engager dans des enjeux de société et d’employer leurs talents à relever des défis d’ingénierie posés par le milieu aquatique.

Animé par Franck Guarnieri, Directeur de Recherche et Sébastien Travadel, Professeur, ce projet met en place une formation complète et progressive pour ses étudiants :

  • MIG Océan : dès la première année, les étudiants participent à des projets concrets, comme repérer les déchets plastiques dans l’eau grâce à des images satellites.
  • UNDERWATER : en deuxième année, ils conçoivent des robots sous-marins pour explorer des zones peu connues.
  • Des visites de terrain à Toulon permettent aux étudiants de découvrir l’industrie maritime locale et de comprendre ses enjeux économiques et environnementaux.

La Fondation Mines Paris a soutenu le projet UNDERWATER. Grâce à un financement de 14 000 euros, les élèves bénéficient des ressources nécessaires pour concevoir et optimiser leur système d’exploration. Ce soutien leur permet d’accéder à des équipements de pointe, d’expérimenter des solutions innovantes et de perfectionner la conception du catamaran et du drone sous-marin afin d’améliorer leurs performances.

Ce programme sensibilise les étudiants aux grands défis écologiques et leur donne les outils pour imaginer des solutions concrètes, durables et innovantes afin de mieux protéger nos océans.

Site de Recherche
Le ROV Annie
Maintenance Du ROV Wall Y

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Cartographie des outils d’aide à la mise en œuvre…

Philippe Lefebvre, enseignant-chercheur à l’École des Mines de Paris s’est penché sur la questions des Objectifs de Développement Durable ODD.
Comment expliquer, cinq ans après l’accueil très favorable des entreprises à la signature des ODD 2030 à l’ONU, que les actions engagées par ces mêmes entreprises soient si loin des annonces initiales ? Et comment remédier à cela ?

Les Objectifs de Développement Durable (ODD), signés à l’ONU fin 2015, constituent l’agenda multilatéral de développement durable le plus ambitieux à ce jour. Leurs 17 grands objectifs (faim, pauvreté, discriminations, éducation, eau, énergie, infrastructures, innovation, climat, biodiversité, etc.), déclinés en 169 cibles et 244 indicateurs à atteindre d’ici 2030, ont été signés par 193 pays, Chine et USA compris.

Au-delà des Etats, engagés par cette signature, les entreprises ont participé à l’ONU à la conception des ODD et, par la voix du Forum de Davos et du WBCSD (World Business Council for Sustainable Development), elles se sont félicitées de pouvoir participer librement à la réalisation des ODD, un marché estimé à 12.000 milliards de dollars.

Comment expliquer dès lors que, cinq ans après, les actions engagées par les entreprises soient si loin des annonces initiales ? Et comment remédier à cela ?

Le projet « Cartographie des outils ODD pour les entreprises », soutenu par la Fondation Mines Paris, pourrait bien contribuer à répondre à ces deux questions.

Sur la première, en partant de la cinquantaine d’outils les plus diffusés à l’échelle internationale en matière d’évaluation d’impact, il a mis en évidence, à côté d’autres explications possibles, l’absence d’outils adaptés à la prise en compte de la variété des ODD. En l’absence de tels outils intégrateurs, les entreprises sont conduites ou bien à développer leur propre outillage ad hoc, ou bien à devoir manipuler une multitude d’outils standard différents. Une situation qui freine considérablement l’action.

Sur la seconde, l’apparition il y a un an d’un outil international intégrateur, le SDG Action Manager, promu tout à la fois par le UN Global Compact et le B-Lab, constitue indéniablement un signe d’espoir. D’autres outils intégrateurs, de portée nationale, sont également apparus récemment. Le projet « Cartographie des outils ODD » procède désormais à l’analyse des forces et faiblesses de ces outils, de manière à favoriser leur amélioration et leur diffusion. L’angle d’attaque privilégié est de suivre l’usage de ces outils par les entreprises, en travaillant entre autres avec des PME, qui disposent de moindres ressources, dans le cadre de clubs d’entreprises, de fédérations professionnelles ou de pôles de compétitivité.

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Visioconférence avec Philippe Blanc

La Fondation Mines ParisTech vous invite à revoir
la visioconférence sur le thème : La ressource solaire :
importance, variabilités, moyens de caractérisation et de prévision par des moyens d’Observation de la Terre

par Philippe Blanc

Philippe Blanc est enseignant-chercheur à Mines Paris, responsable du Département Energétique et Procédés (DEP) et titulaire de la Chaire SciDoSol (Sciences de la Donnée appliquées à la transition énergétique solaire). Rattaché au centre de recherche Observation, Impacts, Energie (O.I.E), il travaille sur la modélisation, l’estimation et la prévision de la ressource énergétique solaire, en ayant recours à différentes sources d’observation de la Terre.
La visioconférence a abordé les problématiques liées à l’exploitation énergétique de la ressource solaire (observation, évaluation et exploitation). Ce rendez-vous était aussi l’occasion de découvrir et d’échanger sur les projets de la chaire SciDoSol, lancée en 2021. Cette chaire, soutenue par la Fondation, est mise en œuvre pour une durée de 5 ans et impliquera tant les chercheurs et doctorants du centre O.I.E. que les élèves-ingénieurs de l’Ecole.

Mines in Transition

Rédaction d’un livret présentant l’éventail des activités de Mines Paris ayant trait à la transition imposée par l’urgence climatique.
De courtes synthèses de ces différents sujets sont proposées dans ce livret, qui est organisé autour des enjeux climatiques en termes scientifiques et de gouvernance, des défis spécifiques pour le secteur de l’énergie et des incidences sur l’industrie et sur nos sociétés.
L’objectif est de sensibiliser le lecteur à la thématique de la transition et de documenter l’offre de Mines Paris en termes de recherche et d’enseignement sur ces domaines.

Entrepreneuriat au féminin, rencontre avec Sophie Peccoux (P16)

Alors que les questions de féminisation et de développement durable sont les deux grands axes de développement de la Campagne 2021-2026, retour sur un projet entrepreneurial au féminin visant la prise de responsabilité du consommateur.

Peux-tu te présenter ? Quel a été ton parcours dans l’Ecole ?
Je suis Sophie Peccoux, P16. J’ai fait une voie classique aux Mines et je me suis spécialisée en Entrepreneuriat & Innovation dès la 2e année. Je voulais rester sur du généraliste pour voir autre chose. L’entrepreneuriat me permet de garder ce côté touche-à-tout.

Ma césure après la 2e année était l’occasion de confirmer cette appétence pour le monde de l’innovation avant de me lancer. J’ai commencé par 6 mois dans une start-up à Singapour. Le produit existait mais il fallait aller chercher le client, on était sur la phase de croissance donc beaucoup d’apprentissage, complémentaire avec ma formation aux Mines. Cette expérience m’a plu mais l’innovation ne se fait pas qu’en start-up. J’ai donc rejoint ING dans leur incubateur d’entreprises à Amsterdam. La vocation de l’incubateur était de développer de nouveaux produits intégrés au business d’ING. Je travaillais sur les assets digitaux. On était dans une phase différente du projet par rapport à Singapour. Le produit n’existait pas donc on était vraiment dans la phase d’exploration, de définition et de construction. Ce stage résonnait beaucoup avec ce que j’avais pu voir en cours d’Innovation & Entrepreneuriat avec Philippe Mustar, car je me concentrais sur la création de produit. Les environnements de ces deux stages étaient très différents, il y a vraiment des avantages du côté start-up comme du côté corporate.

Je suis revenue en 3e année aux Mines en septembre 2019 et j’ai continué mon option. J’avais aussi des cours plus génériques, propres au tronc commun, dont le droit ou la comptabilité. Je suis ensuite partie en stage de fin d’études parce que j’avais des opportunités à explorer. J’ai rejoint l’équipe de Management de l’Innovation à la Thalès Digital Factory, un incubateur interne pour accélérer la transformation digitale du groupe. Je me focalisais sur les nouveaux produits digitaux avec toute la méthodologie agile de sprint design que j’avais pu étudier. Cette fois-ci, ma position était différente. Dans mes précédentes expériences, j’étais intégrée à un projet spécifique. Chez Thalès, j’étais une « ressource partagée » pour les différents projets avec un aspect management et une grande polyvalence.
Le stage était intéressant mais j’ai réalisé que j’avais besoin d’être plus dans l’action, plus proche du produit. Je construisais des plans d’actions et donnais des conseils mais je n’exécutais pas. J’avais envie de réellement faire les choses. C’est aussi une manière d’apprendre : faire des erreurs, réagir, expérimenter et monter en compétence.
En travaillant à Paris, avec une carte Ticket Restaurant, je me suis mise à consommer des plats à emporter pour profiter du déjeuner avec mes collègues en période covid. Commander à emporter ou en livraison n’était pas un mode de consommation que j’avais auparavant. Au fur et à mesure, je voyais des piles de déchets s’accumuler dont je ne savais quoi faire entre poubelle et recyclage. Je me suis posé beaucoup de questions sur ce problème, et j’ai décidé de me pencher sur le marché. Je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas encore une solution qui semblait s’imposer, les alternatives existantes reposant sur un modèle de consigne classique. Cependant, la consigne ne permet pas de répondre à tous les enjeux environnementaux, logistiques et économiques. Et alors même que je me disais que j’avais encore beaucoup de choses à apprendre avant de me lancer, je sentais qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai décidé de creuser l’idée.

DereChef n’est pas une solution d’emballage. Notre objectif est d’encourager les consommateurs à venir avec leurs propres contenants en restaurant. On encourage la démarche en construisant un réseau de restaurants qui acceptent de remplir les contenants réutilisables et en montrant que c’est une solution gagnante pour tout le monde. On explique aux restaurateurs pourquoi ils ont intérêt à promouvoir la démarche, grâce à des gains financiers (logistique, coût, marketing…) et environnementaux. L’économie d’emballage réalisée est transformée en offre pour le consommateur le restaurateur réinvestit donc son économie en fidélisation client. Du côté du consommateur, on considère que c’est un geste simple, même si les nouveaux modes de consommation ont fait de nous des « flemmards » (on est livré devant notre porte, on ne fait pas la vaisselle…). L’idée est de montrer à toutes les parties prenantes qu’elles ont tout à gagner à passer au réutilisable avec le modèle DereChef.

Souvent quand on veut faire quelque chose de durable, de responsable, c’est difficile de trouver une opportunité économique qui corresponde. Ce qui est intéressant avec les emballages, c’est que leur coût est déjà tellement significatif que l’intérêt économique est tout trouvé.

En septembre 2020, je me suis décidée à creuser le sujet pendant quelques semaines. A ce moment, je n’avais pas encore d’idée de solution. Mais le problème était clair et les alternatives actuelles sous forme de consigne coûtent souvent plus cher que les emballages jetables pour des contraintes logistiques supplémentaires. Une façon pour moi de simplifier le processus était de décentraliser le geste au niveau du consommateur. Cela s’aligne avec mes convictions personnelles qu’il est à la charge de chaque individu de prendre ses responsabilités et d’agir pour demain.

Grâce à Philippe Mustar, j’ai découvert PSL Pépites : pôle étudiant entrepreneure de PSL. J’ai été acceptée dans le cursus, ce qui me permettait d’avoir le statut d’étudiant entrepreneur pendant un an. C’était une belle opportunité : je pouvais mûrir mes idées en étant accompagnée, avec des locaux, et des ressources. Cela m’a aussi ouvert les portes de programmes internes. J’ai candidaté puis intégré un programme à Station F de novembre à fin avril, subventionné par la région Ile-de-France et accompagné par le startup studio Schoolab. Cette expérience a beaucoup fait avancer le projet car le rythme nous poussait à fixer des exigences ambitieuses et les projets très avancés dans le programme me tirait vers le haut. Ces différents niveaux de développement permettent d’apprendre des expériences des autres. Fin avril 2021, j’avais donc lancé ma plateforme digitale, développé un réseau de restaurants partenaires et construit un kit réutilisable physique pour équiper les clients. Le consommateur qui amène son contenant au restaurant peut avoir accès à des offres en étant abonné Derechef. Aujourd’hui, avec les offres actuelles sur le site, l’abonnement est rentable dès qu’on utilise la plateforme une fois par semaine.

Est-ce que tu travailles en équipe ? Comment a évolué la structure ?

Mon père a décidé de se joindre à l’aventure à la fin de l’année dernière pour accompagner le développement stratégique et financier de DereChef. Depuis mars, grâce à la Fondation Mines ParisTech, nous avons deux stagiaires*. Ils nous accompagnent sur le développement commercial et technique.

Je me suis lancée seule, malgré la difficulté que cela peut représenter. Ne plus être seule aujourd’hui est rassurant et le fait d’avoir une équipe, de travailler avec mon père, c’est motivant au quotidien. Nous cherchons à valider notre concept à grande échelle avant de prévoir un recrutement plus important.

Tu es diplômée mais tu continues à être encadrée par Philippe Mustar et a développé ton projet dans le cadre de PSL et des Mines, comment cela s’organise ?

Je suis étudiante entrepreneur jusqu’en septembre 2021 donc j’ai ce lien avec PSL. Avec Philippe Mustar, nous avons toujours été en contact direct par rapport au projet surtout en termes d’accompagnement, de visibilité, de communication, de financement par rapport à l’Ecole.

Quand tu as commencé ta première année aux Mines, tu pensais à l’entrepreneuriat ou c’est arrivé pendant les études ?

Aux Mines en janvier de 3e année, on a la possibilité de créer notre entreprise lors du stage obligatoire, j’avais pris le mois pour travailler sur un projet personnel qui n’était pas Derechef mais s’appuyait déjà sur une stratégie DIY : simplifier l’accès à la connaissance et la ressource pour faire des produits soi-même. Cela m’intéressait parce que j’ai pas mal de modèle d’entrepreneuriat autour de moi, donc ça me paraissait naturel.

Après, l’entrepreneuriat c’est un défi et des risques. Avec Derechef, on est sur un nouveau modèle donc même si on a aujourd’hui des éléments de validation, il y a des milliers de raisons pour lesquelles ça peut fonctionner et des milliers de raison pour lesquelles ça peut ne pas fonctionner. Même si on fait tout correctement, on ne sait pas si notre modèle est le bon car on a fait un saut dans le vide.

En particulier, nous responsabilisons l’individu. C’est un choix assumé, en accord avec nos valeurs. Cependant, les consommateurs ne sont peut-être pas encore suffisamment sensibilisés au développement durable, ou l’urgence environnementale pas assez menaçante. C’est aussi une question de temporalité : nous sommes persuadés qu’il faut agir maintenant, et espérons que les consommateurs ont ce même sentiment d’urgence. L’objectif sur le long terme est de provoquer un changement au niveau des mentalités et d’insérer des gestes écologiques dans la vie de tous les jours. Il faut susciter le geste et la prise de conscience du consommateur de sa capacité d’action.

Elisabeth Aubert, témoignage d’une femme ingénieure


Pouvez-vous décrire votre parcours universitaire et professionnel ?
Après une classe préparatoire aux Grandes Écoles, j’ai suivi un double cursus d’ingénieur en physique- chimie à l’ENSIC Nancy et Chimie ParisTech.  A la fin de mes études, je suis rentrée dans le Groupe Gaz de France [actuel ENGIE] à la Direction de la Recherche. Le fil conducteur de ma carrière est la transition énergétique & écologique, je suis personnellement très investie sur ces sujets et il est important pour moi de pouvoir aligner mes convictions avec mon travail.
J’ai, tout au long de ma carrière, travaillé sur des sujets « pionniers », de préparation de l’avenir et en particulier sur la décarbonation des technologies de l’énergie et des assets industriels.
A la Direction de la Recherche, j’ai accompagné dès 2004 le développement de la filière biogaz en France aux cotés des villes & collectivités. Puis j’ai pris la direction de deux projets : un premier projet de recherche puis un projet de démonstrateur industriel d’une technologie de réduction des émissions de CO2 des centrales au charbon. J’ai contribué à cette même période à la première stratégie de lutte contre le changement climatique de Gaz de France, c’était en 2007.
J’ai ensuite rejoint GRDF, le distributeur de gaz naturel en France, pour m’occuper du développement et du déploiement des offres d’énergies renouvelables dans le bâtiment en réponse à la réglementation thermique RT 2012. Puis j’ai piloté une réflexion stratégique pour GRDF sur la durabilité des bâtiments (éco-conception, ACV, économie circulaire) et c’est en parallèle de ce poste que j’ai suivi le Mastère Exécutif Spécialisé en RSE et Développement Durable (MS RSEDD) de Mines ParisTech. Après 10 ans de carrière, c’était un réellement engagement que de se replonger dans les études. Je travaillais déjà sur des projets de RSE et de DD de façon opérationnelle et concrète. Mais j’avais envie d’avoir les apports théoriques nécessaires pour prendre de la hauteur. Je trouvais aussi que ça compléterait bien mon diplôme d’ingénieur. Et c’est effectivement un vrai atout aujourd’hui dans ma carrière, parce qu’avec mon cursus d’ingénieur et ce mastère j’ai la capacité d’appréhender les sujets complexes d’un point de vue technologique & industriel mais aussi environnemental & sociétal.
Après ces riches expériences chez GRDF, on m’a proposé de rejoindre ENGIE University, l’Université Corporate rattachée à la DRH Groupe, au moment où ENGIE accélérait fortement ses engagements pour la transition énergétique. J’ai créé l’activité et le portefeuille de programmes autour de la transition énergétique, la RSE, les nouvelles technologies. Je mets tous les jours à profit mon expertise pour accompagner les collaborateurs dans les transformations du Groupe et les aider à mieux comprendre les enjeux stratégiques et l’évolution de nos métiers. Je suis convaincue que donner du sens et des clefs de compréhension est le premier pas pour susciter l’envie de s’engager, d’être acteur.

Quel est votre lien avec l’Ecole des Mines aujourd’hui ?
Le lien existe depuis longtemps car, dès 2006, on m’a proposé par l’intermédiaire de l’AFG [Association française du Gaz ndlr.] de donner des cours dans le Mastère Ingénierie et gestion du gaz (MS GAZ) de l’École. J’ai formé les élèves sur les enjeux des gaz verts et du biogaz, puis au fur et à mesure de l’évolution de mes postes, sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans les bâtiments.
En 2014-2015, j’ai été moi-même élève à l’École, puis deux ans après mon diplôme, Jasha Oosterbaan, la Directrice de l’ISIGE et du MS RSEDD, m’a proposé d’intégrer le Comité d’Orientation de ce MS. J’en suis ravie car cela me permet de garder un lien avec le MS, le comité a pour objectif de passer en revue les promotions mais aussi de réfléchir aux orientations à donner au Mastère. Chaque année nous veillons à enrichir le cursus en proposer de nouveaux sujets ou de nouvelles modalités pédagogiques. J’apporte ma contribution à la fois par mes compétences en ingénierie pédagogiques mais aussi sur ma connaissance du contexte industriel et des besoins des entreprises.
Enfin, cette année j’ai postulé pour être au Conseil d’Administration de Mines ParisTech Alumni. J’avais envie en tant que Mastérienne de représenter ma formation, aujourd’hui peu représentée au conseil. Nous sommes dans un monde qui évolue très vite et nos connaissances deviennent de plus en plus rapidement obsolètes. Je suis donc convaincue que les MS sont très importants dans une carrière, pour mettre à jour ses connaissances, continuer à se former pour être en capacité d’innover et de créer de la valeur.

Qu’est-ce qui vous a incité à participer au documentaire Femmes Ingénieures ?
Ce sont mes collègues Valérie Gaudart, directeur du pôle Culture et Communauté et Elisabeth Richard en charge du réseau WIN (Women in Networking), réseau des femmes chez ENGIE qui me l’ont proposé. Elles ont pensé à moi car elles connaissent mon engagement pour la place des femmes dans les métiers scientifiques et d’ingénieurs. Je suis impliquée depuis plus de 10 ans dans le réseau WIN, j’anime notamment un groupe pour créer des conditions de bienveillance, d’entraide, de conseils entre des femmes qu’elles soient nouvelles arrivantes ou en pleine réflexion après 20 ans de carrière. Je suis également marraine et bénévole dans l’association « Elles Bougent » qui a pour objectif d’encourager les jeunes filles à aller dans métiers technologiques et d’ingénieurs.
Participer à ce documentaire est une façon de plus pour moi de contribuer à la place des femmes dans les métiers scientifiques. Et le tournage au Musée de Minéralogie des Mines restera un excellent souvenir !

Quelles sont les racines de votre engagement pour la reconnaissance des femmes dans les parcours scientifiques ?
En classes préparatoires scientifiques, nous étions 40-45 élèves et seulement 5 filles et mon professeur de mathématiques avait dit au premier cours du début d’année « vous êtes beaucoup de filles cette année ». Étrange interpellation n’est-ce pas ? Je peux vous dire que cela vous marque ! Au passage en maths spé., nous n’étions plus que 3. Autour de moi, j’avais beaucoup d’amies qui aimaient les matières scientifiques mais qui se disaient qu’elles allaient échouer et rien n’était fait pour les aider à lever ses barrières. De mon côté, je ne me suis pas posé de questions, j’adorais la physique et la chimie, et même si je ne savais pas vraiment réellement ce que ça représentait car je n’avais pas de modèle dans mon entourage je savais depuis le collège que je voulais être astrophysicienne ou ingénieure.  Et aujourd’hui, je suis fière d’être allée jusqu’au bout. J’invite les jeunes filles à persévérer dans leur rêve. Soyez audacieuses !
Aujourd’hui je constate avec regret qu’il y a encore trop peu de filles en classes préparatoires et dans les cursus scientifiques.  Il faut absolument que, dès l’enfance, les petites filles puissent s’identifier à des rôles modèles en particulier dans les manuels scolaires et les médias et se dire « moi aussi j’en serai capable demain… d’être astronaute ». Mais d’ailleurs combien de fois avez-vous entendu parler de Megan Mc Arthur, actuelle co-pilote de Thomas Pesquet, sans doute la plus qualifiée de l’équipage et celle qui a volé le plus loin jusqu’au télescope Hubble…. Avec le recul je me rends compte que la seule et unique femme scientifique de mes manuels scolaires c’était Marie Curie, c’est peut-être elle d’ailleurs, qui m’a donné l’envie de faire de la chimie.
Ce que j’ai envie de retenir de positif c’est que les choses progressent et particulièrement en entreprises, chez ENGIE nous avons lancé le programme 50/50 avec pour objectif d’avoir 50% de femmes managers dans le Groupe à échéance 2030.