Comment et pourquoi avez-vous décidé de devenir ingénieur et d’intégrer l’École des Mines ?
Depuis mon enfance à Beyrouth, j’ai baigné dans l’ambiance des chantiers et des usines de mon quartier où on laissait librement entrer les enfants à l’époque. Mon père était ingénieur civil, architecte et maître d’œuvre et d’ouvrage et je fréquentais ses chantiers. De nombreuses petites usines occupaient les sous-sols des immeubles de notre quartier, et j’y ai passé pas mal de temps, et y ai travaillé dans mon adolescence.
Donc devenir ingénieur était tout naturel. Après l’X, la meilleure formation pour devenir Ingénieur dans l’industrie est l’Ecole des Mines, c’est évident !
Quel a été votre parcours à l’École ?
C’est mon père qui m’a conseillé le Génie Chimique, mais je dois dire que la Mécanique des Fluides et la Chimie étaient les matières où je me sentais vraiment à l’aise. C’est le Génie des Procédé qui m’a le plus plu. L’impact du travail de l’ingénieur dans cette discipline est vertigineux. Imaginez des process pétroliers et pétrochimiques impliquant des millions de tonnes de produits…
Une fois diplômé, quelle(s) fonction(s) avez-vous occupé ? Quelle a été votre trajectoire de vie ?
Après mon stage de fin d’études chez Technip, j’y ai intégré le service Process. En 1980, c’était encore l’époque des chocs pétroliers. J’ai développé les programmes de simulation des unités de distillation, en particulier en vue de la réduction des consommations d’énergie des raffineries. J’ai découvert les raffineries pendant les opérations de mise en service des unités construites par Technip aux quatre coins de la France et en Allemagne. C’est là que j’ai réalisé que ce que j’aimais vraiment, ce sont les usines. J’ai donc quitté Technip pour la Shell comme ingénieur de raffinage. J’ai travaillé dans la raffinerie de Reichstett et celle de Petit-Couronne. A la fin des années 80, le raffinage entrait dans la crise de la surcapacité en Europe. Je fus alors contacté par Sanofi qui recherchait des ingénieurs pour dynamiser les usines pharmaceutiques nouvellement intégrées au groupe. Sanofi m’a confié la direction de l’usine de Notre Dame de Bondeville qui fabriquait les principes actifs et les médicaments injectables de haute valeur ajoutée du groupe.
Puis, le groupe américain Becton Dickinson m’a proposé de prendre la Direction Industrielle de la division des systèmes pharmaceutiques dont le centre de décision mondial est implanté dans la région grenobloise. En plus de mes responsabilités industrielles, j’ai dirigé des projets stratégiques pour la croissance de cette division. C’est ainsi qu’est né mon goût pour la Recherche et Développement, et j’ai donc pris la responsabilité de cette activité, accompagnant la forte croissance mondiale de la division.
Quels acquis vous ont servi dans votre carrière ?
J’ai largement utilisé les acquis technologiques tout au long de mon parcours. Mais la formation générale, en Logistique, Droit du Travail, Comptabilité Générale, fut cruciale pour mes fonctions de direction d’usine et de direction industrielle.
Vous vous êtes engagés plusieurs fois auprès de la Fondation, quelles étaient vos motivations ? Quelle place occupe le give-back dans votre démarche ?
Pour moi, l’éducation est la plus importante responsabilité d’une société. Ce n’est pas une question de give-back, c’est une conviction profonde que la priorité des priorités est de donner la meilleure formation pour nos jeunes. Ouvrir notre école aux doctorants est une initiative formidable. Il faut aider nos jeunes à passer ce cap difficile de leur formation supérieure et leur donner les moyens de s’y consacrer à plein.
La faillite économique qui frappe le Liban depuis fin 2019 est une catastrophe pour la société libanaise. Les familles finançaient les études de leurs enfants avec leurs économies déposées dans les banques. Les banques ont fait faillite et toutes les économies se sont évaporées. Il est donc essentiel d’apporter une aide aux étudiants libanais et à tous les étudiants étrangers issus de pays en difficulté. Notre Fondation nous permet de le faire dans les meilleures conditions. La soutenir pour moi est la moindre des choses.