Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours à l’Ecole ?
Je suis Raphaël Toledano, P18. Dès la deuxième année, au moment du choix d’option, j’ai suivi le cours d’entrepreneuriat. En troisième année, dans cette option, on a un mois de lancement de projet. Avec Oscar, on a lancé NotOnlyMine dès novembre 2021, qu’on a décidé de prolonger en parallèle des cours. En mars 2022, on devait faire un stage de fin d’études qu’on a décidé de faire dans notre start-up. A partir de ce moment, on se lançait officiellement dans l’entrepreneuriat.
Je suis Oscar Bourgeois, P18. Dans nos parcours avec Raphaël, on se complète parce qu’il a des vraies compétences techniques en informatique. Pendant sa césure il a fait deux stages en développement. De mon côté, j’ai fait de la production cinématographique puis travaillé dans une start-up qui fait des bilans carbones.
RT : on a choisi de fonder la start-up ensemble parce qu’on s’entend bien depuis le début de nos études. On avait d’ailleurs l’habitude de faire beaucoup d’autres activités ensemble, en particulier de la musique. Quand il a fallu monter le projet en cours, ça nous a paru évident de travailler tous les deux.
Pouvez-vous nous décrire la start-up que vous avez montée ?
OB : NotOnlyMine est la première appli mobile qui permet de prêter sa voiture ou d’emprunter celle de ses proches. Dans le terme « proche » on englobe les proches sociaux (famille, amis, collègues…) et les proches géographiques (voisins). En invitant ses proches sur l’application, on permet d’utiliser les voitures de manière intelligente. Trois statistiques prouvent la nécessité du projet. 2 millions de voitures neuves sont achetées chaque année en France mais elles sont utilisées moins de 5% de leur temps de vie. Ceci présente le problème d’optimisation du parc. 13 millions de voitures sont utilisées moins de deux fois par semaine. Une voiture partagée peut remplacer entre 6 et 15 voitures individuelles. Conclusion : le partage de voiture est trop rare, à nous de le démocratiser.
Pour voir ce qui est faisable, on a fait une étude et on a identifié deux obstacles les assurances et le frein psychologique (les emprunteurs ne veulent pas déranger). Notre solution lève les freins avec le calendrier partagé, l’assurance pendant le prêt et une fonction de calcul du juste remboursement de l’usage de la voiture.
RT : notre principal concurrent pourrait être GetAround, parce que, quitte à prêter son véhicule, autant en tirer quelque chose. Empiriquement, très peu de gens considèrent la location de particuliers à particuliers comme solution. Premièrement, cela s’explique par le fait que peu de conducteurs ressentent vraiment le besoin de rentabiliser leur voiture et de prendre le temps de le faire. Deuxièmement, prêter sa voiture à un inconnu fait peur. Notre force est de jouer sur le lien de confiance plutôt que le levier financier. On réduit le cercle mais le prêt se fait en bonne entente.
OB : dans cette perspective, on s’est d’ailleurs constitué comme entreprise à mission [cette notion a été créée au CSI]. Notre mission est double : d’ordre écologique, ie diminuer le nombre de voitures achetées, et d’ordre social, ie la mobilité étant de plus en plus chère et l’accès à la mobilité de plus compliqué, on veut faciliter à nouveau cet accès.
Aujourd’hui la voiture est considérée comme une commodité et c’est vraiment dans cette voie qu’on veut diriger notre entreprise.
Etait-ce votre idée de départ ? Avez-vous beaucoup évolué dans le processus de création ?
OB : Pendant l’année de césure déjà, on voulait monter quelque chose ensemble, sur le thème de la musique. L’idée était bonne mais ça ne s’est pas fait.
Le projet actuel s’est construit en discutant avec notre entourage. Aujourd’hui on peut emprunter des voitures à ses proches mais il y a beaucoup de freins. Initialement, on voulait créer une solution pour acheter à plusieurs et partager le véhicule acheté mais dans les faits, c’est compliqué en termes d’assurance et de législation. Il y a aussi un frein social car les personnes aiment être propriétaires de leur voiture. On a donc réorienté vers le partage et l’usage optimal de voitures.
Le vrai coup de pouce est venu de notre rencontre avec Gwénaël Moy, aujourd’hui notre associé. Nous l’avons rencontré pendant l’option Innovation & Entrepreneuriat avec Philippe Mustar et quand on a pitché notre projet, il nous a suggéré d’entrer sur le secteur par le partage simple.
Quelle est la structure actuelle de votre entreprise ? Etes-vous à plein temps sur le développement ou avez-vous un travail à côté ?
RT : on ne vit pas encore de l’entreprise. Le produit n’est pas lancé donc on ne peut pas être rémunéré même si on aurait pu, via une levée de fonds. Pour l’instant, on a surtout eu la chance d’être aidé par la Fondation et évidemment par nos parents. Pour autant, cette solution n’est pas durable donc il faut qu’on sorte du bénéfice ou qu’on se penche sur la levée de fonds.
OB : Le Prix JEM ta Start-Up qu’on a reçu le 13 septembre est arrivé au bon moment, à la fin de l’aide de la Fondation avec un financement de 20 000 € et 6 mois d’hébergement dans un co-working « Le digital village », place d’Italie. D’autres financements et subventions devraient continuer d’arriver ce qui va nous permettre de lancer le produit et de se verser un petit salaire.
Quelles sont les prochaines étapes ?
RT : On doit signer un contrat avec une assurance, pour protéger les voitures lors des prêts ce qui nous permet de lancer le produit dans la foulée. Entre ces deux points clés se pose la question de lancer le produit en version beta, sans la brique assurance pour accumuler des retours d’utilisateurs et former une micro-communauté.
On peut donc commencer à embaucher parce qu’avec les fonds, on peut verser des salaires, y compris à nous deux.
Quand vous avez commencé votre première année aux Mines, pensiez-vous à l’entrepreneuriat ou c’est arrivé pendant les études ?
RT : en 2018, quand j’intégrais l’école, c’était une possibilité mais ça n’avait rien de précis et clair. C’est avec mes choix de parcours et les stages que je me suis vraiment penché sur l’entrepreneuriat et la création d’une start-up.
OB : avant la césure, je ne me posais pas la question. Mes deux stages m’ont plu et les structures dans lesquelles je travaillais m’ont donné un aperçu de l’entrepreneuriat.
Comment la Fondation vous a-t-elle accompagné pour le développement de votre entreprise ?
OB : quand notre projet était bien avancé pendant la troisième année, on a entendu parler du soutien de la Fondation pour financer un stage de fin d’études dans notre entreprise. Philippe Mustar nous a permis de soumettre notre travail pour une bourse et une fois que le projet était validé, on n’a plus hésité puisqu’on avait l’opportunité de continuer quelque chose qui nous plaisait.
RT : d’un point de vue pratique, la fondation nous a conventionnés et versés une bourse de 600€ pendant 6 mois à partir du 21 mars. Ca apporte beaucoup de souplesse quand on crée son entreprise.
Publié le 18 octobre 2022