Développement durable

Finalisation de l’installation des panneaux solaires sur le campus…

Le chantier d’installation de 262 panneaux solaires sur le site de Fontainebleau est désormais achevé. Avec le soutien financier de la Fondation Mines Paris, le campus franchit une nouvelle étape vers la transition énergétique.

Positionnés sur une surface de près de 1000m2, ces panneaux délivrent une puissance de 100,33 kWc. L’étude technique cible une production annuelle moyenne de 20 MWh/an, autoconsommée à 98% par les bâtiments du campus (l’électricité produite en surplus certains jours sera revendue). Cette production devrait permettre de couvrir entre 15 et 20% de la consommation annuelle moyenne du site.

L’installation a été conçue en partenariat avec l’AGILE (Agence de l’immobilier de l’Etat), la municipalité de Fontainebleau et l’Architecte des bâtiments de France. Le campus de Mines Paris-PSL étant situé en secteur protégé, à proximité immédiate du château de Fontainebleau, l’intégration paysagère des panneaux a été particulièrement étudiée. Un chemin piéton gravillonné et bordé d’arbustes sera construit dans un deuxième temps, en 2026, afin d’insérer les panneaux dans une forme simplifiée de jardin à la française. La mairie et l’Architecte des bâtiments de France ont souhaité que cette installation constitue un modèle d’intégration pour de futures installations en secteur patrimonial protégé.

Grâce à un financement de 70.000€, la Fondation est un contributeur décisif du projet. Le coût total du chantier s’élève à 204.000€, dont 164.000€ consacrés à l’installation technique et 40.000€ à l’installation paysagère. L’investissement porté par l’Ecole et par la Fondation sera amorti sur une durée de 4 à 6 ans.

La VerdEco’Bici : partir à la rencontre des acteurs…

Partir à l’aventure, se dépasser, et donner du sens à son année de césure : c’est le défi qu’ont relevé Apollonie (ICiv P22) et Louna. Ensemble, elles ont créé La VerdEco’Bici, un projet à la fois engagé et inspirant, mêlant écologie, finance carbone… et vélo ! Dans cet article, elles nous racontent leur incroyable voyage à travers l’Amérique latine, les défis rencontrés, les rencontres marquantes, et ce qui les pousse à aller toujours plus loin.

Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours à l’Ecole ?

Je m’appelle Apollonie Pipon, j’ai 24 ans et j’ai intégré le cursus Ingénieur civil de Mines Paris – PSL après une licence de Sciences et Technologies à l’Institut Villebon Georges Charpak de l’Universiteé Paris Saclay.

Actuellement en année de césure aux Mines, je souhaite suivre l’option Innovation & Entrepreneuriat dispensée en troisième année par Philippe Mustar.

Pouvez-vous nous décrire votre projet ?

La VerdEco’Bici est une association que j’ai co-fondée avec Louna Hasniou, étudiante à l’IMT Atlantique avec qui j’ai fait ma licence à la fac d’Orsay. L’objectif de notre association est de comprendre les mécanismes de financements des projets de réduction d’émissions de CO2 en allant directement à la rencontre de leurs acteurs sur le terrain. Le gros défi ? Tout se fait à vélo en Amérique latine! Nous avions envie de nous lancer un défi physique et mental de grande envergure pour ce projet : 6 mois de voyage, 4 pays à traverser : Chili, Argentine, Bolivie et Pérou sur plus de 7000km. Le nom VerdEco’Bici vient donc du fait que nous étudions le financement (Eco) des projets de réduction d’émissions de GES (Verde), le tout à vélo (Bici) et traduit en espagnol pour rappeler l’Amérique latine !

Nous avons choisi l’Amérique latine car c’est une région dynamique dans l’émergence de projets de réduction d’émissions de GES notamment grâce à ces ressources climatiques uniques : vent et soleil. La conscience écologique de cette région se développe petit à petit et c’est intéressant de découvrir des projets naissants et d’en comprendre les mécanismes de financements. Nous travaillons notamment sur le projet d’hydrogène vert au Chili mais je n’en dis pas plus… Tout sera à découvrir dans un documentaire en 4 micro-séries : 1 projet étudié par pays traversé !

Qu’est-ce qui vous a motivées à lancer ce projet ?

La plupart de nos proches nous considère un peu folles qu’on se soit lancées dans une telle aventure! Peut être que c’est lié au fait que nous ne faisions pas du tout de vélo en France et que nous sommes passées du rien à tout d’un coup.
Je pense que nous avons vraiment voulu saisir l’opportunité de l’année de césure comme une année de découverte et de dépassement de soi. Étant passées par l’université, nous avions toutes les deux déjà effectué des stages en entreprise et voyions moins l’intérêt que d’autres à faire 2 stages en entreprise pendant notre césure. Nous avons donc eu envie de créer notre propre projet autour d’un sujet auquel nous sommes plus que sensibilisées en école : le réchauffement climatique et la hausse des émissions de gaz à effet de serre. L’idée de partir à vélo est venue de Theobald Dubreuil et Antoine Preneux, deux étudiants P21 aux Mines qui sont partis à la rencontre d’acteurs de la low tech en Europe un an avant moi. Leur projet m’a énormément inspiré et ils ont ouvert une case en moi que j’ignorais totalement: le voyage à vélo ! J’ai directement soumis l’idée à Louna qui m’a suivie et aujourd’hui on ne regrette rien du tout….

Pouvez-vous nous décrire le parcours de votre voyage ? Comment pourrons-nous suivre votre aventure ?

Notre voyage a commencé le 25 février 2025 à Ushuaïa et nous sommes aujourd’hui le 15 avril 2025 et venons de terminer la mythique carretera australe! Avec plus de 2500km au compteur et surtout dans les pattes, nous sommes extrêmement fières de nous et du parcours réalisé jusqu’ici. Tous les jours n’ont pas été faciles. On a souri, crié, pleuré et rigolé sur le vélo par tous les temps : vent, pluie, soleil, neige mais on a fait des rencontres merveilleuses et traversé des paysages éblouissants.
Notre aventure peut se suivre sur Instagram @verdecobici et sur PolarSteps.

Quelles sont les prochaines étapes après votre retour ?

Après notre retour, nous allons nous reposer car ce voyage est plus fatiguant que nous le pensions! Nous allons retrouver nos proches qui nous manquent beaucoup. Après avoir repris des forces, nous allons commencer le montage de notre documentaire avec toutes les ressources que nous aurons filmées sur place. Le documentaire sera ensuite disponible via nos réseaux sociaux, notamment instagram @verdecobici.

En quoi le soutien de la Fondation a-t-il été déterminant pour la réalisation de votre projet ?

La Fondation Mines Paris a joué un rôle clé dans le financement de notre projet. Le budget de notre projet s’élevait à plus de 20 000 € comprenant le matériel sportif comme le vélo et les équipements associés, le matériel de camping et textile, les billets d’avion, la vie au quotidien sur place comprenant le logement et la nourriture pendant 6 mois. C’est grâce au soutien d’acteurs comme la Fondation Mines Paris que nous avons réussi a levé l’intégralité de notre budget prévisionnel. Je remercie donc infiniment la Fondation et particulièrement Sandrine Kletz et Marie Alix Belloc pour leur confiance et leur soutien !

Dernières nouvelles du projet Mines Paris pour l’Océan

Dans le cadre de la réforme du Cycle Ingénieur civil, la pédagogie a évolué vers une approche immersive, privilégiant les projets multidisciplinaires intégrant conception, modélisation et prototypage. Cette méthode, basée sur l’apprentissage par la pratique (learning by doing), permet aux élèves de développer des compétences opérationnelles en situation réelle et de se confronter aux défis concrets du monde professionnel.

C’est dans cette dynamique que la Fondation Mines Paris soutient Underwater 2025, un programme d’ingénierie, d’une durée de trois mois, en deuxième année, conçu pour associer technologies de pointe et recherche scientifique. Ce programme est porté par l’initiative pédagogique « Mines Paris pour l’Océan », dirigée par Franck Guarnieri et Sébastien Travadel, qui vise à sensibiliser les futurs ingénieurs aux enjeux environnementaux et aux défis technologiques liés aux milieux marins.

Depuis le 10 mars, 33 élèves se consacrent à cette aventure technique et scientifique sur le campus Pierre Laffitte, à Sophia Antipolis, où ils mobilisent leurs savoirs pour concevoir des solutions innovantes d’exploration sous-marine.

Explorer les grandes profondeurs : un défi d’ingénierie

L’exploration des grands fonds marins constitue un enjeu majeur pour l’ingénierie. Ces environnements, encore largement inaccessibles, sont soumis à des conditions extrêmes – forte pression, obscurité totale et températures très basses – qui rendent leur étude complexe. Pourtant, ils abritent une biodiversité exceptionnelle, avec des espèces encore méconnues dont certaines pourraient détenir des applications scientifiques et biomédicales prometteuses.

Parmi ces organismes, les éponges marines jouent un rôle écologique fondamental et possèdent des propriétés biochimiques uniques. Certaines d’entre elles produisent des molécules bioactives aux vertus anticancéreuses, antibactériennes et neuroprotectrices. C’est dans cette optique qu’Underwater 2025 s’intéresse particulièrement à l’éponge Latrunculia citharistae, une espèce contenant des alcaloïdes bioactifs aux potentielles applications thérapeutiques.

éponge Latrunculia Citharistae
Dans le cadre de leur mission, les élèves mèneront des opérations d’identification et de prélèvement au large de Nice et Villefranche-sur-Mer, une zone réputée pour la richesse de ses habitats sous-marins. En s’appuyant sur des technologies avancées en robotique marine, ils tenteront de collecter des spécimens afin de permettre l’analyse de leur composition chimique et d’évaluer leur potentiel pour le développement de nouveaux traitements médicaux.
Le Tombant des Américains, le site de recherche de l’éponge

Un système innovant combinant robotique de surface et sous-marine

Pour répondre aux exigences de cette mission, les élèves conçoivent un dispositif de robotique marine et sous-marine combinant un catamaran autonome et un drone submersible, permettant une exploration précise et sécurisée des profondeurs.

Le catamaran de surface, conçu pour évoluer en autonomie ou sous pilotage à distance, servira de station mobile pour un ROV (Remotely Operated Vehicle), un drone sous-marin spécialement équipé pour la capture de données et le prélèvement d’échantillons biologiques. Grâce à ses capacités techniques avancées, il pourra atteindre 200 mètres de profondeur, une zone où les conditions extrêmes rendent l’exploration particulièrement complexe.

Ce dispositif repose sur une architecture technologique performante, intégrant plusieurs éléments clés :

  • Un catamaran téléopéré, muni de capteurs environnementaux pour mesurer des paramètres tels que la température, la salinité et la turbidité de l’eau. Grâce à ses systèmes de communication haute performance, il assure une liaison constante entre la surface et le ROV, garantissant ainsi un pilotage précis et sécurisé.
  • Un drone sous-marin filoguidé, équipé de caméras haute résolution retransmettant des images en temps réel, essentielles pour la cartographie des fonds marins et l’identification des espèces. Son bras robotisé lui permet d’interagir avec son environnement et de prélever des échantillons biologiques avec une grande précision, tout en minimisant l’impact sur les habitats explorés.
  • Un poste de pilotage à terre qui contrôle et supervise le catamaran et le ROV.
Le ROV Annie développé par les élèves d’Underwater 2024

Le projet est développé en partenariat avec des institutions de référence telles que le CNRS / LEEISA de Guyane, l’IFREMER (centre de robotique sous-marine de Toulon), le Centre National d’Instruction Nautique de la Gendarmerie Nationale (CNING) et l’école production, Je Fabrique Mon Avenir (JFMA), de la Seyne sur mer, qui mettent leur expertise en chimie et biologie marine, en robotique sous-marine et en exploration des écosystèmes profonds au service des élèves.

Un projet à fort impact scientifique et technologique

Grâce à un financement de 14 000 euros accordé par la Fondation Mines Paris, les élèves bénéficient des ressources nécessaires pour concevoir et optimiser leur système d’exploration. Ce soutien leur permet d’accéder à des équipements de pointe, d’expérimenter des solutions innovantes et de perfectionner la conception du catamaran et du drone sous-marin afin d’améliorer leurs performances.

Outre les avancées en robotique autonome et téléopérée, ce projet constitue une véritable avancée scientifique. Il permettra d’approfondir les connaissances sur les écosystèmes marins et d’ouvrir très certainement de nouvelles perspectives en écologie sous-marine, en particulier dans les zones au-delà de 100 ou 200 mètres de profondeur, où la biodiversité reste largement méconnue.

Ces recherches pourraient également conduire à des applications biomédicales majeures, notamment en identifiant des composés bioactifs d’intérêt thérapeutique. Certaines espèces, comme les éponges marines, sont déjà étudiées pour leurs propriétés antibactériennes et anticancéreuses, avec des perspectives prometteuses en oncologie et en lutte contre les infections résistantes aux antibiotiques.

En intégrant les dernières avancées technologiques à une approche scientifique appliquée, Underwater 2025 illustre la synergie entre ingénierie, sciences de l’environnement et biotechnologie marine. Ce programme pédagogique met ainsi en lumière le rôle clé de l’innovation technologique dans la recherche océanographique et la préservation des écosystèmes sous-marins.

Maintenance du ROV Wall-Y dévelopé par les élèves d’Underwater 2024
Enfin, il constitue un formidable terrain d’apprentissage pour les élèves, leur offrant une expérience immersive et concrète à la croisée de l’ingénierie, des sciences marines et du développement technologique. Il les prépare à relever les grands défis de l’exploration océanique, tout en leur permettant d’apporter une contribution tangible à l’avenir de la recherche marine et biomédicale.

Soroots : un voyage pour donner la parole aux…

Le projet Soroots est porté par Lisa Calderari (ICiv P21) et Agathe Billon (ICiv P21). À travers ce projet audacieux, elles s’apprêtent à parcourir l’Europe à vélo pendant six mois pour aller à la rencontre des femmes qui façonnent une agriculture plus durable. Leur objectif : donner de la visibilité à ces actrices souvent invisibles de la transition agroécologique, et inspirer d’autres femmes à se lancer.

Pouvez-vous vous présenter ? Quel a été votre parcours à l’Ecole ?

Nous sommes amies depuis notre 1ère année à l’ESPCI Paris – PSL. pour notre école d’application en 4ème année, nous avons toutes les deux suivi un double-diplôme à Mines Paris– PSL, en Voie Spécialisée, Lisa en Géosciences et Agathe en Innovation et Entrepreneuriat.

Pouvez-vous nous décrire le projet que vous avez monté ?

Soroots a pour but d’explorer les problématiques de la transition agroécologique à travers un prisme féminin et féministe, pour mettre en valeur celles qui nourrissent le monde d’aujourd’hui et de demain en restant à l’écoute de l’environnement dont elles dépendent.

Pour cela, nous partons le 15 avril 2025 pour 6 mois de voyage à vélo à travers l’Europe, à la rencontre des femmes qui façonnent une agriculture durable. Nous voulons les mettre en avant via une mini-série ainsi qu’un documentaire.

Nous n’avons jamais fait de voyage à vélo, nous n’avons jamais fait de documentaire, mais au final, c’est ça, partir à l’aventure ! Oser aller vers l’inconnu sans garantie de réussite, et ouvrir le champ des possibles.

Qu’est-ce qui vous a motivées à vous lancer dans cette aventure ?

LC : De mon côté, ça remonte à mai-juin dernier. A ce moment-là, j’étais en stage et je me demandais ce que j’allais faire après. Je regardais des offres, je cherchais des thèses… Mais rien ne m’emballait. Fin mai, j’ai assisté à un festival de films de voyages et d’aventures, et j’ai été frappée par l’absence quasi-totale de femmes dans les films projetés. L’aventure, le voyage, les projets fous, ça avait l’air d’être une histoire d’hommes. Je me suis mise à imaginer ce que j’aurais envie de faire si je devais monter un projet similaire. Un trip à vélo, qui porterait sur des initiatives environnementales, et surtout, qui mettrait en valeur des femmes. Ça s’est précisé lorsque je suis tombée sur une offre de volontariat qui proposait un projet ressemblant à ce que j’avais imaginé… Sauf qu’il fallait un binôme. J’ai envoyé des tas de messages et de mails, et Agathe a répondu présente ! On se connaissait bien, on avait déjà travaillé ensemble, et je l’admire depuis longtemps pour sa ténacité et son dynamisme. Après beaucoup de réflexions et de discussions, on a finalement décidé de monter un projet qui nous est propre plutôt que de se greffer sur un projet préexistant.

AB : Depuis que je suis en école d’ingénieur, deux choses me fascinent particulièrement : la low-tech et l’aventure. D’un côté, des technologies qui répondent à un réel besoin en prenant en compte les limites planétaires et les besoins de chacun, et de l’autre, le parcours de personnes curieuses qui osent sortir du cadre établi pour expérimenter d’autres manières de vivre. Ce qui me marque le plus chez ces personnes, c’est leur humilité. Parce que je suis convaincue que le savoir ne se limite pas aux bancs des grandes écoles, mais qu’il faut aller vers celles et ceux qui agissent déjà.

Pourtant, jusque-là, je n’avais jamais envisagé de me lancer moi-même dans une telle aventure. Jusqu’au jour où je suis tombée sur deux jeunes femmes qui partaient à vélo pour un projet engagé. Et là, deux pensées me sont venues : finalement, pourquoi pas moi ?

Et surtout : si on veut que plus de femmes osent, alors il faut rendre visibles celles qui osent déjà. Dans ma tête était née l’envie de porter un projet engagé qui me ressemble.

À l’été 2024, Lisa a partagé son envie d’aventure sur plusieurs canaux. Après quelques échanges, la réponse s’est imposée à moi : si je dois partir avec quelqu’un, c’est avec elle ! Cela fait maintenant 4 ans que nous sommes amies, et j’ai toujours admiré son engagement et son empathie, des qualités essentielles pour aller à la rencontre des autres et donner du sens à cette aventure.

Quels sont les principaux défis que rencontrent aujourd’hui les femmes dans le secteur de l’agroécologie ?

Les femmes qui s’installent en agriculture, et particulièrement en agroécologie, font face à plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, l’accès à la terre et aux financements. (En France, seulement 27% des exploitations agricoles sont dirigées par des femmes.) La transmission des terres dans le cadre familial se fait majoritairement vers les fils plutôt que vers les filles. Aujourd’hui, la majorité des agriculteur·rice·s sont locataires et gèrent en moyenne 14 baux différents. Les propriétaires des terres ont donc le dernier mot sur qui viendra exploiter leur terre, et donc quelles pratiques y seront effectuées. Ce marché de la terre tend à favoriser l’agrandissement des exploitations voisines plutôt qu’à l’installation de nouvelles exploitations. Cette difficulté est exacerbée par la réticence des propriétaires à céder leurs terres à des femmes.

Par ailleurs, les mécanismes de financement de la Politique Agricole Commune favorisent largement les exploitations industrielles. Par exemple, les subventions sont proportionnelles à la quantité d’hectares possédés, et non à la qualité des pratiques, favorisant les monocultures conventionnelles type blé, maïs ou soja. Les financements sont majoritairement orientés vers des modèles conventionnels et à grande échelle : les agriculteur·rice·s qui tentent de s’installer en agroécologie se voient accorder plus difficilement des prêts bancaires et des subventions, les plus petites exploitations agroécologiques étant jugées moins rentables. De plus, les banques demandent souvent plus de garanties aux femmes qu’à leurs homologues masculins.

Enfin, dans un secteur encore très masculin, les paysannes font face à de nombreux stéréotypes de genre. Nombreux sont les témoignages de celles à qui l’on demande “où est le patron” de l’exploitation, ou même d’hommes qui s’obstinent à vouloir s’adresser à leur conjoint ou à leur père. “[…] Le grand classique, c’est le commercial qui arrive sur l’exploitation sans connaître et qui me demande si le patron est là ” [FADEAR, 2020].

Comment espérez-vous que votre projet puisse contribuer à changer les choses ?

Notre projet vise à donner de la visibilité aux femmes qui innovent en agroécologie, mais dont le travail reste trop souvent dans l’ombre. En mettant en lumière leurs parcours et leurs engagements, nous voulons contribuer à un changement de l’imaginaire collectif : montrer que ces femmes existent, qu’elles agissent et qu’elles transforment le monde à leur échelle.

À travers notre documentaire, nous souhaitons non seulement leur offrir une place à l’écran, mais aussi inspirer d’autres femmes qui pourraient douter de leur légitimité à se lancer dans ce domaine. Comme nous avons été inspirées par celles qui ont osé partir à l’aventure, nous espérons à notre tour lever les freins, encourager les vocations et renforcer un véritable sentiment de sororité. Car plus ces histoires seront visibles, plus elles auront le pouvoir de transformer la norme et d’ouvrir la voie à de nouvelles générations de femmes engagées.

Pouvez-vous nous parler du parcours de votre voyage à vélo ?

Le trajet est la partie la plus floue du projet pour le moment ! Nous avons dessiné grossièrement un parcours d’environ 9000 km, en se laissant la possibilité de prendre des raccourcis : notre crochet par le Danemark et la Suède, par exemple, ne se fera que si nous jugeons que le timing est suffisant pour accomplir sereinement le reste du voyage. A l’heure actuelle, nous répertorions et contactons un certain nombre de paysannes dans plusieurs pays, et nous dessinerons un trajet plus précis en fonction des réponses que nous obtiendrons et des fermes qui voudront nous accueillir. Pour le moment, nous planifions de traverser une vingtaine de pays : l’Espagne, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et la Suède (en fonction du timing), la Pologne, la République tchèque, l’Autriche, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie, la Bosnie-Herzégovine, la Serbie, le Monténégro, le Kosovo, l’Albanie, la Macédoine du Nord, la Grèce, et l’Italie, avant de regagner la France.

Après ces six mois d’exploration, comment imaginez-vous la suite de Soroots ? Avez-vous des ambitions pour prolonger cette initiative ?

Notre objectif est d’amplifier les voix de celles qui construisent un futur plus résilient, et d’encourager plus de femmes à prendre part à cette transition.

Nous serions heureuses que Soroots soit davantage qu’un projet ponctuel. Après ces 6 mois, nous pensons tout d’abord nous servir de cette expérience pour prendre la parole via différents formats et contenus auxquels nous sommes ouvertes : podcasts, articles, interventions, vidéos…
Nous sommes aussi conscientes que ce voyage va nous transformer et que le projet va lui-même évoluer naturellement sur le terrain, tout en gardant en ligne de mire l’objectif principal, qui est de porter la voix des agricultrices.

Une idée que nous avons évoquée entre nous serait de faire du site internet de Soroots l’équivalent d’un réseau social de paysannes européennes. L’idée serait de cartographier un maximum de fermes, en précisant les spécificités et les productions de chaque exploitation, peut-être avec une possibilité de contacter les paysannes. Un genre de WWOOF européen, féminin et féministe, qui servirait à la fois de réseau entre les paysannes et de moyen de les contacter pour celles qui souhaiteraient se lancer et qui chercheraient des conseils ou des opportunités. Mais pour le moment, ce n’est qu’une idée !

Enfin, il n’est pas exclu que le duo Soroots reparte à l’aventure sur d’autres continents par la suite…

Comment la Fondation vous a-t-elle accompagné pour le développement de Soroots ?

La Fondation a été très réactive lorsque nous l’avons contactée, par le biais de Sandrine Kletz, et nous a immédiatement témoigné son enthousiasme vis-à-vis du projet. Nous avons reçu un soutien financier significatif, et nous avons été redirigées vers l’association vidéo de l’École des Mines, à qui la Fondation avait financé une caméra de voyage l’année précédente. Grâce à cela, nous avons pu emprunter du matériel vidéo d’excellente qualité à l’association (caméra, trépied, micro, cartes mémoires), ce qui nous a enlevé une sacrée épine du pied : nous sommes ravies de pouvoir utiliser du matériel audiovisuel sans avoir à acheter du neuf, dans un souci de réduction de nos coûts et de notre empreinte carbone !

SUIVEZ LES AVENTURES DE LISA ET AGATHE !

Retrouvez toute l’équipe de Soroots sur les réseaux sociaux et suivez leur voyage en tant réel.

Mines Paris pour l’Océan : l’ingénierie bleue en action.

Créé par Franck Guarnieri, ce projet illustre l’engagement de l’Ecole dans le développement de solutions innovantes pour répondre aux enjeux cruciaux de l’exploration et de la préservation des océans.

L’exploration marine représente un défi de taille dans le milieu hostile des océans, avec des conditions extrêmes à aborder. Pourtant, les enjeux environnementaux actuels sont intrinsèquement liés aux écosystèmes marins et grands courants océaniques. Avec plus de 70% de sa surface recouverte d’eau, notre Planète bleue présente un terrain d’exploration infini pour des ingénieurs, engagés pour une transition durable.

L’urgence d’une ingénierie adaptée aux défis marins

Depuis le début des années 2000, les activités industrielles en mer se sont intensifiées, nécessitant une révision profonde de l’enseignement de l’ingénierie. Le projet Mines Paris pour l’Océan propose de repenser l’ingénierie non plus uniquement comme une science appliquée, mais comme un levier de solutions innovantes face aux défis contemporains, en intégrant pleinement la dimension écologique.

Un parcours éducatif novateur autour de l’ingénierie bleue

Mines Paris – PSL met en place une formation complète et progressive pour ses étudiants :

  • MIG Océan, une initiation dès la première année avec une formation générale de trois semaines dédiées à l’ingénierie, incluant des projets pratiques comme la détection de macroplastiques dans les océans via des images satellites.
  • Des visites de terrain à Toulon permettent aux étudiants de découvrir l’industrie maritime locale et de comprendre ses enjeux économiques et environnementaux.
  • UNDERWATER, un projet réalisé en deuxième année, favorisant la collaboration interdisciplinaire et l’innovation technologique. Depuis le lancement du projet, le nombre de participants ne cesse de croitre. Le projet s’appuie sur le développement et la production à grande échelle de robots sous-marins, spécialement conçus pour explorer des zones peu étudiées. Il vise à former les élèves à l’ingénierie marine pour explorer et préserver les ressources marines. Dans un premier temps, les élèves ont pu contribuer au développement de Victor, un robot sous-marin téléopéré (ROV) capable d’atteindre 300 mètres de profondeur. Équipé de caméras HD, sonar, capteurs et altimètre, il est conçu avec des technologies open source et l’impression 3D, pour une grande adaptabilité.

La Fondation Mines Paris a soutenu ce projet en 2022 avec un financement de 25 000 €, permettant l’achat des équipements nécessaires. Le robot est utilisé dans le cadre du projet UNDERWATER mais aussi pour des études en sûreté de fonctionnement. Une convention avec l’Office Français de la Biodiversité renforce son impact, notamment pour l’exploration du Parc Naturel Marin du Cap Corse et de l’Agriate.

Par la suite, le projet s’est doté de nouveaux robots avec d’autres fonctionnalités.

Retrouvez Victor, Annie, Wall-Y et autres robots sous-marins.

Former des ingénieurs responsables et conscients des enjeux écologique

Face aux risques environnementaux liés aux installations pétrolières et gazières, la formation inclut désormais une dimension écologique forte. L’utilisation de plastiques recyclés dans l’impression 3D et la prudence face aux impacts négatifs sont intégrées dans les projets étudiants. Un recensement exhaustif des espèces marines de la Méditerranée est également envisagé pour mieux comprendre les interactions au sein des écosystèmes.

Encourager l’innovation et la sensibilisation à la biodiversité marine

Les étudiants participent activement à des compétitions internationales, comme celle organisée à Monaco, dédiée à la protection des océans. Parmi les projets marquants :

  • Un bras robotique innovant ayant remporté un prix, démontrant la capacité des étudiants à concevoir des solutions technologiques avancées.
  • Un jeu éducatif sur les récifs coralliens, visant à sensibiliser les jeunes générations à la préservation des écosystèmes marins.

Des perspectives prometteuses pour l’économie bleue

Le projet explore également de nouvelles voies pour un transport maritime durable. Une thèse sur la décarbonisation du transport maritime est en cours, abordant les carburants verts et le transport à voile. La robotique sous-marine ouvre des opportunités de recherches encore peu exploitées, renforçant l’intérêt pour l’économie bleue.

Convention scientifique étudiante sur l’hydrogène

Fin 2023, la Fondation Mines Paris a soutenu la Convention scientifique étudiante sur l’hydrogène, qui a réuni 50 élèves ingénieurs de toute la France, de novembre 2023 à mars 2024, pour débattre des usages de l’hydrogène. Le projet, organisé autour de séminaires pendant quatre week-ends, a alterné formations par des experts et débats en groupes sur les applications de l’hydrogène (transport, industrie, etc.). La genèse de ce projet est née au sein de l’association Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) dès 2022. Porté par le Comité Jeunes Promotions, le projet est officiellement lancé en juin 2023, les participants sélectionnés en octobre 2023 et les rencontres des groupes de travail échelonnées de novembre 2023 à mars 2024. Lors de la cérémonie de clôture à Bercy, un rapport a été remis au Ministère de l’Industrie, comprenant une trentaine de recommandations sur les usages actuels et futurs de l’hydrogène, s’appuyant sur les travaux des 50 participants pendant la Convention et auquel de nombreux élèves de Mines Paris – PSL ont contribué.

Depuis avril 2024, les conclusions du rapport ont été présentées sur France Inter et Sud Radio, ainsi que dans diverses conférences, l’objectif étant de maximiser la diffusion du rapport et de ses recommandations jusqu’à la fin de l’année 2024. La Convention scientifique étudiante sur l’hydrogène
était co-organisé par Amaury Fievez (ISUPFERE 18)

Amaury Fievez, ISUPFERE 18

« Du fait de mon parcours à Mines Paris – PSL, contacter la Fondation Mines Paris me paraissait naturel et en lien avec ses engagements pour la transition décarbonée.
Par ailleurs, Mines Paris – PSL a joué un rôle important, car c’était l’école la plus représentée parmi les participants et elle a accepté d’accueillir la cérémonie d’ouverture de la Convention. Grâce à la participation de la Fondation, nous avons pu mener à bien ce projet, et nous vous remercions chaleureusement.
»

Visioconférence avec Franck Guarnieri et Sébastien Travadel

La Fondation Mines Paris vous invite à revoir
la conférence de Franck Guarnieri et Sébastien Travadel,
sur le thème

Mines Paris pour l’Océan : un ambitieux projet pédagogique pour former les élèves ingénieurs de Mines Paris – PSL à l’Ingénierie Bleue.

Franck Guarnieri et Sébastien Travadel

Franck Guarnieri et Sébastien Travadel, enseignants-chercheurs au Centre de recherche sur les Risques et les Crises (CRC) de Mines Paris PSL, coauteurs de l’ouvrage « Petite philosophie de l’ingénieur » (PUF, 2021), coaniment « Mines Paris pour l’Océan », un ambitieux projet pédagogique visant à sensibiliser les élèves du cycle Ingénieur Civil à l’Ingénierie Bleue, qui constitue le volet technologique de l’Économie Bleue. Ce programme propose aux élèves de s’engager activement dans des enjeux planétaires majeurs, en mobilisant leurs compétences pour relever des défis d’ingénierie spécifiques aux environnements marins. Ce programme permet aux élèves de se former aux enjeux cruciaux d’une ingénierie responsable tout en travaillant aux côtés d’acteurs de référence dans la recherche et la protection des milieux marins, enrichissant ainsi leur formation d’ingénieur et leur sens des responsabilités écologiques.

Visioconférence avec Franck Aggeri

La Fondation Mines Paris vous invite à revoir
la visioconférence sur le thème
“L’économie circulaire, un modèle véritablement soutenable ?”

Franck Aggeri

Professeur de management à Mines Paris – PSL et chercheur au CGS-i3, UMR CNRS 9217, il est co-directeur de la chaire Mines Urbainesresponsable de la formation doctorale en sciences de gestion à Mines Paris et codirecteur de l’école doctorale SDOSE. Ses recherches et ses enseignements portent sur l’instrumentation de gestion, la RSE, la transition bas carbone et l’économie circulaire. Il est membre du comité de rédaction de la revue française de gestion et chroniqueur sur le management et l’entreprise pour Alternatives Economiques. Il a publié en 2023 deux ouvrages : L’innovation, mais pour quoi faire ? Essai sur un mythe économique, social et managérial aux éditions du Seuil et L’économie circulaire (avec Rémi Beulque et Helen Micheaux) aux éditions La Découverte, collection Repères.

Les projets décarbonés de nos étudiants, soutenus en 2023-24

We Slow Tech

Étudiants du cycle ingénieur civil de l’École des Mines en césure, Antoine Preneux et Théobald Dubreuil (ICiv 21) sont partis pour 5 mois découvrir des initiatives low-tech européennes inspirantes pour la transition environnementale, le tout en vélo. La low-tech est un mouvement d’innovation qui se propose de questionner en premiers lieux l’utilité, la durabilité et l’accessibilité des objets (savoir-faire, mode de vie, technique …) et qui apporte un nouveau panel de solutions pour la transition environnementale, enjeu clé à Mines Paris.

Ce projet répond au besoin des deux étudiants d’aller à la rencontre de projets inspirants, pour comprendre, en pratique, comment la low-tech est utilisée, et tenter de déterminer la juste place de ce mouvement dans les solutions de transition. Armés de leur esprit critique et soutenus par la Fondation Mines Paris, Antoine et Théobald irons à la rencontre de restaurants solaires, d’éco-villages, de nouvelles formes d’entreprises et apprendrons à réaliser un concentrateur solaire. Pour donner envie à d’autres de s’engager pour la transition écologique et solidaire, ils réaliseront, à l’issue de leur périple, un documentaire donnant la parole aux projets les plus prometteurs qui auront croisés leur chemin.

Trondheim pour la Semaine Athens

Mines Paris fait partie du réseau Athens, permettant aux étudiants d’effectuer une semaine d’échange dans une école partenaire en Europe deux fois par an. Dans ce cadre, Robin Nizou (ICiv 21) est part à Trondheim en Norvège en train, pour montrer qu’il est possible « d’effectuer de véritables aventures à un bas budget carbone ». Pour lui, ce projet est aussi l’occasion d’effectuer un voyage unique au cours duquel, il est amené à rencontre des personnes d’horizons différents en faisant du couchsurfing. Son engagement pour la transition écologique le motive à faire de son expérience un exemple pour montrer aux élèves qu’il est possible, en s’organisant bien, d’effectuer de véritables aventures à un bas budget carbone et dans le cadre de notre scolarité.

Vous pouvez découvrir son voyage et ses expériences à travers une vidéo ou en suivant son parcours sur Polarstep.

La Bici de Pachamama par Agathe et Philippine

La Bici de Pachamama est de retour en France ! Après avoir pédalé 6700 km de La Paz à Ushuaia pendant 6 mois, nous avons à cœur de partager notre récit et notre future fresque de l’agroécologie autour de nous. En effet, notre objectif est de construire une carte visuelle et ludique qui démocratise les causes et conséquences de l’agroécologie, et cela accessible à tous.
Pendant notre aventure, nous avions mis en place un “compteur à impact”, où tous les 2km parcourus, 1€ est reversé à un projet qui soutient la transition agroécologique en France. Nous sommes actuellement en cours de sélection de ce projet, et allons bientôt annoncer le projet soutenu.
Les prochaines étapes de la Bici sont donc de valoriser toutes les connaissances recueillies et de les partager autour de nous.