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La Fondation Mines ParisTech soutient deux projets dans le…

Depuis plus de 20 ans des centres de recherche de MINES ParisTech étudient la transformation du système de santé en accompagnent les acteurs (hôpitaux, industrie de la santé, start-up) dans leurs projets de recherche et d’innovation.

C’est pourquoi, la Fondation de l’Avenir pour la recherche médicale a fait appel à l’expertise de l’Ecole des Mines de Paris, en confiant 2 études à des élèves du cycle Ingénieur civil, encadrés par des chercheurs du Centre de Gestion Scientifique (CGS) et du C-Bio.

La Fondation de l’Avenir pour la recherche médicale a pour vocation de soutenir et de promouvoir la recherche et l’innovation en santé. Sa mission affichée est de « réfléchir à comment faire évoluer au mieux le système de santé français à travers des cas précis et concrets ».

Jérôme Chevallier, Miguel Angel Cano Sampol, Apolline Fauchet et Antoine Villié, ont réalisé entre 2018 et 2019 – pendant leur troisième année – une étude approfondie de la filière visuelle en France, s’intitulant « Système de soins ophtalmologiques – A la croisée des chemins ». Ce travail a été effectué avec le soutien de la Fondation Paul Bennetot, abritée par la Fondation de l’Avenir, et de la Fondation Mines ParisTech. Leur rapport propose diverses méthodes quantitatives et qualitatives pour établir un diagnostic de la filière visuelle française comparativement aux systèmes internationaux, en soulève les enjeux majeurs et propose différents scenarii d’actions possibles. Il a été accueilli avec un grand intérêt par le Comité scientifique de la Fondation.

Sarah Kleinmann, Leon Liu et Elsa Vizier, alors élèves de deuxième année, ont entamé en 2019 une étude sur la recherche médicale, afin d’établir une cartographie précise pour l’usage de la Fondation de l’Avenir. Présenté le 14 octobre 2020, ce travail de cartographie dresse un état des lieux de la recherche médicale en France. Sous la tutelle de Frédéric Kletz au Centre de Gestion Scientifique (CGS) et de Véronique Stoven, au Centre C-BIO des Mines, les étudiants ont pu établir un baromètre de la diversité des domaines de la recherche médicale et de ses acteurs, qui tient compte de leurs interactions et de leurs contributions au secteur. Cet outil, qui a pour but d’aider la Fondation de l’Avenir à choisir pertinemment ses axes de développement pourra aussi être utilisé par d’autres acteurs de la santé, pour mieux suivre la dynamique de la recherche médicale en France. Au-delà de dresser une cartographie de la recherche médicale, le Baromètre de la Recherche Médicale vise à « confronter la réalité de cet environnement avec la perception qu’en ont les Français ». Ce besoin de se confronter à la perception est devenu d’autant plus fort en période de crise sanitaire. Les Français s’intéressent en effet plus à la recherche médicale sur les maladies infectieuses qu’avant et sont plus prêts à soutenir la recherche.

La Fondation Mines ParisTech a soutenu ces deux projets.

Lien vers « Système de soins ophtalmologiques » : https://en.calameo.com/read/0044884418ceedb74ba00

Communiqué de Presse du Baromètre de la Recherche Médicale : https://www.fondationdelavenir.org/wp-content/uploads/2015/10/Communiqu%C3%A9-de-presse-Fondation-de-lAvenir-Barom%C3%A8tre-Recherche-M%C3%A9dicale-2020.pdf

Lien vers le Baromètre de la Recherche Médicale » : https://www.fondationdelavenir.org/barometre-recherche-medicale/

Renouvellement de la Chaire Théorie de l’entreprise

Le mercredi 14 octobre a eu lieu par zoom le lancement de la 2e Chaire Théorie de l’Entreprise (Centre de Gestion Scientifique de l’Ecole des Mines), soutenue depuis sa création par la Fondation Mines ParisTech.

Les avancées et nouvelles perspectives de la Chaire ont été présentées par Blanche Segrestin et Kevin Levillain, suivies d’un keynote par Antoine Frérot et de deux tables rondes sur l’enseignement et sur les perspectives internationales.

Les recherches de la Chaire Théorie de l’Entreprise sont à l’origine de la loi Pacte, qui a permis l’introduction de la RSE dans l’entreprise et en a transformé la vision.

Dans le contexte de crise sanitaire, a aussi émergé une nouvelle vision des enjeux écologiques, sanitaires et de gouvernance qui seront étudiés au cours de ce 2e cycle, en parallèle des premières retombées de la loi Pacte.

Pour soutenir les propos de Blanche Segrestin et Kevin Levillain, Antoine Frérot, PDG de Véolia, a présenté sa vision de chef d’entreprise, défendant les apports de ces théories de l’entreprise qui font débat. Pour lui, « l’entreprise, en dépit de ses limites, est un bienfait pour tous ceux qui y participent. Pour défendre cette notion, il est important de la transmettre avec des éléments théoriques sur lesquels travaillent la Chaire ».

Les deux tables rondes qui ont suivi ces discours ont porté sur l’enseignement de la notion d’entreprise et de sa légitimité dans les cours d’économie, et sur les nouvelles perspectives de l’entreprise dans l’Europe actuelle..

En savoir plus sur la Chaire

Pour en savoir plus sur le rôle de la Chaire dans la loi Pacte : https://youtu.be/cXrW0aT2aX8

Retour sur la visioconférence de Armand Hatchuel

Le jeudi 15 octobre, Armand Hatchuel est intervenu dans le cadre des « Visioconférences de la Fondation » sur le thème : La science peut-elle modéliser la créativité ? L’apport de la Théorie C-K développée par les chercheurs de l’Ecole des Mines de Paris.

Les recherches présentées par M. Hatchuel s’effectuent au sein de la Chaire Théorie et Méthodes de la Conception Innovante (TMCI) de l’Ecole des Mines, qui a aujourd’hui 11 ans, et qui est soutenue depuis sa création par la Fondation Mines ParisTech.

Les débuts de la Théorie C-K remontent aux années 1990. En effet, après de nombreux travaux empiriques, émerge la possibilité de modéliser le processus de création. Lorsqu’un individu à une idée, il enrichit l’espace des concepts (C) toutefois le concept ne suffit pas à créer, il faut donc faire appel à l’espace des connaissances (K) pour étudier la faisabilité du projet. Se crée alors une série d’allers-retours entre l’espace C -formalisé par l’arbre des concepts- et l’espace K -formalisé par la bibliothèque des connaissances-, pour obtenir un projet innovant et réalisable. Ainsi la modélisation de la Théorie C-K permet d’étudier les conditions et la rationalité particulières, derrière l’innovation.

Près de 80 personnes se sont connectées pour suivre la présentation par Armand Hatchuel de ce concept et de ses applications. Les participants ont pu poser des questions à la suite de la présentation.

Voir ou revoir la visio-conférence

Pour en savoir plus sur la Théorie C-K, rendez-vous sur :

https://www.ck-theory.org/la-theorie-ck/

http://www.tmci.mines-paristech.fr/questionnements-et-histoire/

Et pour faire suite à la conférence voici la Théorie C-K à l’Ecole :

https://www.youtube.com/watch?v=LreKBafYhxg

Pour retrouver le PDF, cliquez ici

Visioconférence avec Armand Hatchuel

La Fondation Mines ParisTech vous invite à revoir
la visioconférence sur le thème :
La science peut-elle modéliser la créativité ?

La créativité a été longtemps étudiée comme un phénomène psychologique spécifique, quoique peu formalisable. La théorie C-K propose au contraire une modélisation scientifique du raisonnement créatif dont on peut étudier les conditions et la rationalité particulières et qui peut être ainsi rigoureusement pratiquée et enseignée. Au cœur de la théorie C-K, il y a la distinction entre d’une part : ce que l’on peut déduire, par la logique conventionnelle, des connaissances disponibles (l’espace K) ; et d’autre part, les « inconnus désirables » (l’espace C des concepts) que l’on peut aussi former à partir de K.

Ce sont ces inconnus qui permettent d’initier le raisonnement créatif et d’engager un double mécanisme de génération d’idées et de connaissances nouvelles, favorisant la naissance contrôlée de nouveaux objets. On montre ainsi que imagination et connaissance, invention et découverte sont indissociables dans le raisonnement créatif. Cette conférence présentera, à partir d’exemples, industriels ou mathématiques, les différents éléments de la théorie C-K et ses principaux usages.

Armand Hatchuel est Professeur en Sciences de Gestion à Mines Paris-PSL.

Pionnier dans l’étude de la production des savoirs dans les firmes innovantes, il est l’auteur avec Benoit. Weil d’une Théorie de la conception dite théorie C-K, qui développe une modélisation formelle du raisonnement créatif. Ces travaux ont été soutenus depuis 2009 par la Chaire Théorie et méthodes de la conception innovante (TMCI) de Mines Paris-PSL. La théorie C-K est aujourd’hui internationalement reconnue, avec des impacts dans de multiples champs scientifiques. Elle est enseignée dans de nombreuses universités et a eu un impact industriel important qui s’est accompagné de soutiens importants à la Chaire.

Armand Hatchuel a reçu plusieurs distinctions pour ces travaux, il est notamment Fellow de la Design Society, membre de l’Académie des Technologies et Chevalier de la Légion d’honneur.

notreCHAIREécole #5

C’est en 2015 que la chaire « Théorie de l’Entreprise » – Modèles de Gouvernance et Création Collective voit le jour, et dont Blanche Segrestin, responsable de la formation doctorale au Centre de Gestion Scientifique de MINES ParisTech, est la titulaire.

Cette chaire est soutenue depuis sa création par la Fondation Mines ParisTech.

La chaire « Théorie de l’Entreprise » a été créée dans l’objectif d’étudier les conditions d’un engagement collectif dans des processus d’innovation et les mécanismes permettant de relier création collective et équilibre solidaire entre les parties au service de l’intérêt général. Elle vise ainsi à instaurer de nouveaux modèles de gouvernance et de nouveaux contrats collectifs dans les entreprises afin de stimuler l’innovation, la croissance et la création de valeurs partagées.

Depuis maintenant plus de deux ans, la place des entreprises dans la société et leurs responsabilités face aux grands enjeux sociaux, économiques et environnementaux actuels interroge et fait débat. La capacité d’innovation des entreprises peut permettre de répondre à ces enjeux, mais pour cela, les entreprises font face à de nouvelles responsabilités, qui les poussent à modifier leur gouvernance. Certains adoptent une stratégie de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), d’autres se tournent vers les modèles des entreprises à missions, telles qu’elles ont été définies dans la loi pour la croissance et la transformation des entreprises, dite Loi PACTE, de 2019.

Face à cela, la chaire « Théorie de l’entreprise » s’attache à créer une communauté de réflexion, d’échange sur les bonnes pratiques, de formation et de partage de l’expérience, composée d’entreprises, d’entrepreneurs et de chercheurs. Elle offre une réflexion théorique sur les nouveaux modèles de gouvernance des entreprises, ainsi que des outils concrets, avec des modèles juridiques et des cas pratiques, à ces entreprises qui souhaitent se transformer et s’adapter à la société actuelle.

La chaire promeut les entreprises à mission pour donner à voir les bonnes pratiques et l’opportunité que peut amener pour les entreprises la loi PACTE et souhaite accompagner et accélérer le mouvement de l’entreprise classique vers l’entreprise contributrice.

Elle mène des travaux avec différentes entreprises et institutions partenaires, telles que la MAIF, VEOLIA ou encore BPI France. Ces partenaires soutiennent l’effort de recherche et portent ces questions sur le devant de la scène publique afin de faire évoluer les normes et les pratiques collectives.  La chaire suit quatre axes directeurs :

– Nouvelle théorie de l’entreprise

– Investissement, innovation et croissance

– Création collective et régimes de solidarité

– Nouveaux cadres légaux pour l’entreprise

 

Pour en savoir plus sur la Chaire Théorie de l’Entreprise 

 

Sources :

Vidéo Les entreprises à mission, http://www.te.mines-paristech.fr/

Site internet de la chaire : http://www.minesparis.psl.eu/Recherche/Chaires-industrielles/Theorie-de-l-entreprise/

notreCHAIREécole #4

La chaire Futurs de l’industrie et du travail, Formation, innovation, territoires est dirigée par Thierry Weil, professeur à MINES ParisTech et conseiller de La Fabrique de l’industrie. Elle est soutenue par la Fondation.
Le Groupe Mäder, Kea Partners, Theano Adviors, Fabernovel et La Fabrique de l’industrie ont fondé cette chaire de recherche En 2019, le groupe Orange et Renault ont aussi rejoint l’équipe.

 

Interview de Thierry Weil

 

Pourriez-vous présenter en quelques mots la chaire « Futurs de l’Industrie et du Travail : formation, innovation, territoires », dont vous êtes titulaire ?

« Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ne trouvent pas les compétences dont elles ont besoin, tandis que de nombreux actifs cherchent en vain des entreprises où ils aimeraient travailler. Des savoir-faire disparaissent, des territoires s’étiolent, la cohésion et la prospérité de notre société sont menacées. La chaire FIT2 étudie comment l’organisation du travail peut s’adapter aux enjeux de la transformation numérique, de la mondialisation des chaînes de valeur, de la préservation de l’environnement et des évolutions sociétales. »

Vous expliquez que « les entreprises ne trouvent pas les compétences dont elles ont besoin, alors que de nombreux actifs cherchent en vain des entreprises où ils aimeraient travailler ». Selon vous, à quoi est dû cette problématique ?

« Les jeunes connaissent mal la réalité des métiers et du travail dans les entreprises industrielles, comme malheureusement beaucoup de ceux qui les aident à s’orienter (enseignants, conseillers d’orientation, parents). Les entreprises fonctionnent souvent de manière trop hiérarchique et défiante, sans laisser à ceux qui font le travail assez de latitude sur la manière de faire et de s’organiser ; trop rares encore sont celles qui offrent des perspectives d’épanouissement personnel et explicitent une raison d’être à laquelle leurs salariés adhèrent avec enthousiasme. »

Votre chaire de recherche tente de trouver des solutions pour pallier ce problème. A ce stade, pouvez-vous nous donner un exemple concret d’outil ou de solution que vous avez trouvé ?

« Nous travaillons sur le design du travail. De même que les produits sont conçus en anticipant l’usage qu’en font les utilisateurs, les procédés de production doivent être construits avec les salariés qui les mettent en œuvre en prenant en compte leur expérience et leurs besoins. Nous explorons aussi les diverses manières de favoriser l’autonomie des salariés tout en veillant à l’efficacité de l’action collective. »

En quoi vos mécènes sont de grands soutiens dans votre recherche ?

« Outre leur indispensable financement, qui permet de payer les chercheurs associés à la chaire, certains de nos mécènes participent activement à nos travaux, nous apportent leurs questionnements mais aussi leurs témoignages sur les solutions qu’ils mettent en oeuvre. Ils nous font un retour précieux sur ce qui leur semble opérationnel et sur les sujets qu’ils souhaitent nous voir approfondir. »

A terme, quels effets pensez-vous que vos recherches auront sur notre société ?

« Nous cherchons à rapprocher les attentes des entreprises et des personnes qui y travaillent (d’où le nom de fit), à identifier et à promouvoir des méthodes qui contribuent à renforcer la confiance entre les personnes, une collaboration efficace permettant l’épanouissement des individus, la prospérité des entreprises et une meilleure contribution de tous à une société plus harmonieuse. »

 

Propos de Thierry Weil, recueillis par Emeline Roque

Pour en savoir plus sur la Chaire FIT2

notreCHAIREécole #3

Dirigée par Henry Proudhon et David Ryckelynck, la chaire BIGMECA, soutenue par la Fondation Mines ParisTech, est récente puisqu’elle a été créée en 2019 et sera déployée jusqu’en 2024 ! La chaire est basée au sein du Centre des Matériaux de MINES ParisTech et est composée des titulaires de la chaire, d’un doctorant, d’un postdoctorant et de 10 étudiants du Mastère Spécialisé “Design des Matériaux et des Structures” de l’Ecole.

Équipe de la chaire BIGMECA lors de l’inauguration en 2019

 

Interview d’Henry Proudhon

 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste la Chaire BIGMECA ?

” Dans la chaire BIGMECA, nous développons avec David Ryckelynck des nouvelles techniques d’étude des matériaux de structure. La voie principale consiste à coupler expérimentations 4D avec le calcul mécanique avancé sous forme d’un jumeau numérique pour une éprouvette ou une pièce de structure. La plateforme de donnée BIGMECA permettra à des algorithmes d’apprentissage d’analyser les données massives pour extraire les corrélations entre l’endommagement ou la durée de vie avec la microstructure. “

 Comment-vous est venu l’idée de créer cette chaire ? A quels besoins répond-t-elle ?

” Le développement croissant des techniques d’imagerie pour les matériaux font qu’il est aujourd’hui possible de réinventer notre manière de faire de la mécanique des matériaux. L’imagerie 3D par rayons X couplée à des sollicitations mécaniques est une nouvelle méthode originale d’étude des matériaux, que l’on appelle “essai 4D” et qui permet d’observer la réponse du matériau à l’intérieur de l’échantillon testé. De plus ces essais permettent de créer le jumeau numérique de l’échantillon observer afin de réaliser des simulations du comportement. Pour autant ces essais génèrent des quantités très importantes de données qu’il n’est pas possible de traiter manuellement. Le recours aux techniques d’apprentissage et de réduction de modèles est donc requis pour analyser ce type d’essai et c’est un véritable défi.”

La Chaire de BIGMECA est encore à ses débuts puisqu’elle a été inaugurée en 2019. Quelles sont vos principales attentes pour ces 5 ans à venir ?

” La création d’une plateforme de donnée BIGMECA permettra de faire converger les données expérimentales multi-dimensionnelles et multi-modales avec les simulations. Les jeux de données consolidés pourront être analysés automatiquement par apprentissage automatique pour extraire les corrélations entre déformation et endommagement des matériaux avec sa microstructure.
L’application des méthodologies développées dans la chaire BIGMECA est à même de faire progresser la compréhension des mécanismes de déformation et de rupture des matériaux. Le but final est d’optimiser les matériaux pour des applications comme le transport terrestre ou aérien, l’énergie (éolien, nucléaire), les réseaux de distribution (eau, gaz) ou encore les biomatériaux. “

Propos d’Henry Proudhon, recueillis par Emeline Roque

Pour en savoir plus sur la Chaire BIGMECA

notreCHAIREécole #2

La Chaire Modélisation Prospective du Développement Durable, la chaire qui imagine notre futur !

 

La chaire Modélisation Prospective du Développement Durable a été créée en 2008 avec l’objectif de pouvoir « capitaliser autour d’une communauté »¹. C’est une démarche qui relève de la prospective, une discipline française qui est née dans les années 1950 et qui permet de construire le futur en envisageant tous les scénarii possibles. Pour répondre à ces problématiques, la chaire réunit deux équipes expertes issues du Centre de Mathématiques Appliqués (CMA), dirigé par Nadia Maïzi (également directrice de la Chaire MPDD), et du Centre International de la Recherche sur l’Environnement et le Développement (CIRED). Ensemble, ils cherchent à concrétiser les modèles qui vont permettre d’alimenter ces questions de prospective long terme. Depuis le début, la chaire a été soutenue par des grandes entreprises, telles que Schneider Electric, Total, Renault, EDF, qui ont vu son potentiel et répondait à leurs besoins pour leur stratégie interne. Depuis maintenant 10 ans, ces partenaires ont renouvelé plusieurs fois leur soutien.

En terme de réalisations académiques, les chercheurs de la chaire MPDD ont de nombreuses publications à leur actif et organisent des séminaires, avec des pairs académiques ou industriels, pour permettre de développer et d’échanger autour des projets de recherche.

La chaire MPDD est relancée pour 5 ans de recherche avec toujours de grandes ambitions et le souhait d’améliorer notre avenir.

¹Propos de Nadia Maïzi, Interview réalisée à l’occasion des 10 ans de la Chaire

 

Pour voir l’interview de Nadia Maïzi

Rencontre avec Véronique Stoven, chercheuse au Centre de Bio-Informatique

Quand l’intelligence artificielle et la recherche en biologie s’allient pour faire avancer la science – Exemple de la mucoviscidose.

Rencontre avec Véronique Stoven, une chercheuse passionnée du Centre de Bio-Informatique (le CBIO), de MINES ParisTech.

Pouvez-vous nous présenter le centre de Bio-informatique ?

Le Centre de Bio-informatique (CBIO) de MINES ParisTech, rattaché au département Mathématiques et Systèmes, développe des méthodes d’apprentissage statistique pour analyser et modéliser des données biologiques et chimiques, notamment au niveau moléculaire. Ces questions véhiculent des nouveaux enjeux, car la biologie d’aujourd’hui est caractérisée par des données massives, hétérogènes et complexes, comme des données de séquençage, de pharmacologie ou d’imagerie. Le CBIO développe des méthodes en apprentissage automatique et intelligence artificielle pour analyser ce type de données.

Comment êtes-vous arrivée à CBIO ? Quel est votre parcours ?

Mon parcours est assez atypique et lié à une succession de rencontres. Je suis Normalienne, initialement spécialisée en physique. J’ai soutenu ma thèse sur les nouvelles techniques pour la reconstruction par Résonnance Magnétique Nucléaire de la structure tridimensionnelle de molécules en solution. Dans ce cadre, je travaillais sur des échantillons, que je considérais uniquement du point de vue physique. Un jour, j’ai commencé à m’intéresser au contenu des échantillons, et au rôle biologique des protéines. J’ai alors décidé d’acquérir les connaissances qui me manquaient en biologie et je me suis formée pendant 2 ans à l’Institut Pasteur. J’ai ensuite intégré le centre de bio-informatique de Mines ParisTech, qui venait juste de se créer, et ai rejoint Jean-Philippe Vert son directeur. En 2003, l’équipe était petite et faisait partie du centre de Géostatistique, car le domaine de l’application du « machine-learning » en biologie était encore assez confidentiel. Aujourd’hui, le CBIO accueille environ 10 doctorants; ils doivent tous acquérir un double profil Intelligence Artificielle et biologie. De plus en plus de jeunes sont attirés par des applications de l’intelligence artificielle et du machine learning dans d’autres domaines que celui des algorithmes financiers.

Depuis deux ans vous avez orienté vos recherches sur la mucoviscidose, pourquoi ce choix ?

Encore un hasard de la vie. J’ai assisté à un colloque qui faisait le point sur l’avancée des recherches sur la mucoviscidose à l’hôpital Necker.  Pour résumer rapidement, la mucoviscidose est une maladie génétique, causée par la mutation du gène CFTR assurant une fonction canal chlorure (Cl-). Une avancée récente majeure dans le traitement de la mucoviscidose repose sur l’utilisation de modulateurs pharmacologiques de CFTR qui favorisent la restauration fonctionnelle du gène. Cependant, ces chemins thérapeutiques présentent un certain nombre de limites puisque les modulateurs de CFTR ne sont pas disponibles pour les patients porteurs de mutations conduisant à l’absence totale de synthèse de la protéine. Par ailleurs, la réponse clinique des patients aux modulateurs est très hétérogène. A la fin du colloque, j’ai pris contact avec le Professeur Isabelle Sermet-Gaudelus, médecin chercheur et co-directeur de l’équipe mucoviscidose et autres canalopathies de l’hôpital Necker. Je lui ai présenté les études réalisées au CBIO concernant la prédiction des interactions des protéines avec des médicaments. Ces algorithmes permettent de simuler la rencontre entre une molécule et une protéine, et de tester ainsi virtuellement des médicaments. En effet, le mécanisme d’action d’un médicament au niveau moléculaire correspond souvent à l’interaction de ce médicament avec une protéine dont la fonction est ainsi activée ou inhibée. J’ai alors lancé l’idée d’utiliser cette technique dans le cadre de la recherche sur la mucoviscidose. C’est comme ça que ce projet est né.

Quelles nouvelles perspectives l’Intelligence artificielle peut-elle apporter à la recherche ?

L’intelligence artificielle va permettre de développer une médecine de précision, c’est-à-dire donner le bon médicament au bon patient. Mais les perspectives vont encore plus loin, avec des applications en pharmacologie. C’est en effet une vraie méthodologie que nous sommes en train de mettre en place, qui pourra servir de référence, particulièrement au sein de la communauté des chercheurs du domaine des maladies rares. Lorsqu’une cible thérapeutique a été identifiée (en général, il s’agit d’une protéine impliquée dans la maladie étudiée), l’intelligence artificielle permet de prédire les molécules capables d’interagir avec cette cible pour contrecarrer à l’évolution de la maladie, limitant ainsi drastiquement le nombre d’expériences à réaliser pour valider de nouvelles thérapies. Ces prédictions peuvent se faire sur de nouvelles molécules, ou sur des médicaments connus. Dans ce dernier cas, on parle de molécule « repositionnée », et l’énorme avantage est que l’on gagne un temps précieux pour les patients: on accède directement à la « phase 2 » du développement clinique, car la toxicité de ces molécules est déjà connue. Ces protocoles pourront être utilisés pour élucider le mécanisme d’action global d’un médicament, puisque les effets observés au niveau clinique, qu’ils soient bénéfiques ou délétères, résultent de l’ensemble des protéines avec lesquelles le médicament interagit.

Dans le cas de la mucoviscidose, des observations biologiques et cliniques bénéfiques indiquent que les modulateurs de CFTR interagissent vraisemblablement  avec des protéines « off target », c’est-à-dire autres que CFTR, la cible thérapeutique convenue. Les approches de machine- et de deep- learning (deux branches de l’intelligence artificielle), couplées à des expériences biologiques de validation, sont actuellement utilisées pour identifier l’ensemble des cibles de ces molécules, afin d’élucider leur mécanisme d’action. Cette connaissance est cruciale car elle ouvrira également la voie à de nouvelles approches thérapeutiques. En effet, l’identification des « off-targets » responsables d’effets bénéfiques tels que la réduction de l’inflammation des voies respiratoires, et pour lesquelles des médicaments spécifiques sont déjà connus, suggèrera des opportunités de repositionnement dans la mucoviscidose. Plus généralement, d’autres cibles thérapeutiques pour lesquelles des médicaments sont disponibles, pourront également être envisagées, parmi les protéines ayant une fonction biologique apparentée à celles des off-targets bénéfiques. Si l’Intelligence artificielle permet donc de mieux comprendre le mécanisme des médicaments, elle permet également en retour d’anticiper des réponses positives ou négatives au traitement. En effet, la connaissance du profil d’expression des patients pour l’ensemble de ces cibles va permettre une stratification des patients et des choix thérapeutiques adaptés. Ce qui est particulièrement innovant dans ce projet, c’est l’idée que dans une maladie génétique monogénique, l’IA permet d’identifier des cibles thérapeutiques autres que la protéine codée par le gène muté,  ainsi que les médicaments associés, pour rétablir des fonctions cellulaires perturbées dans la maladie. A terme, ce projet ferait en quelque sorte une preuve de ce concept, qui serait transposable à d’autres maladies.

Quels sont les partenaires scientifiques du CBIO ?

Comme déjà évoqué, le projet mucoviscidose se place dans le cadre d’une collaboration impliquant des biologistes et cliniciens spécialistes de la mucoviscidose (INSERM U1151, Prof. Isabelle Sermet-Gaudelus) et des biologistes des systèmes (U900, Institut Curie, Dr. Laurence Calzone). Le CBIO collabore depuis sa création avec des équipes de biologistes et de cliniciens ne nombreuses institutions (institut Pasteur, Institut Gustave Roussy, CEA, Inserm etc…). Il a cependant un lien privilégié avec l’Institut Curie, au travers d’une convention qui le lie à l’unité de recherche U900 (Cancer et Génome : bioinformatique, biostatistiques et épidiémologie d’un système complexe). Ce partenariat a amené le CBIO à développer beaucoup de travaux de recherche dans le domaine du cancer. Ce type de structure est essentiel à l’intégration pluridisciplinaire requise pour avoir un impact à la fois du point de vue méthodologique et de celui des applications, avec pour objectifs principaux : comprendre la biologie, trouver de nouveaux traitements et développer la médecine de précision.

Comment coordonnez-vous le travail des différents partenaires ?

C’est un vrai défi de faire dialoguer ensemble des médecins, des chercheurs et des ingénieurs. Il est essentiel d’avoir des binômes médecins et bio-informaticiens qui se comprennent. Nous sommes interdépendants et avons besoin de nos compétences respectives. Mon rôle est de coordonner le dialogue entre tous ces acteurs. Je suis à Curie et à Necker au moins une fois par semaine et j’ai des contacts quasi quotidiens avec les différents acteurs investis dans ce projet. Nous avons également une collaboration avec Valérie Roy du centre des mathématiques appliquées (CMA, Sophia-Antipolis), qui utilise également des approches de machine-learning pour développer des scores de réponse aux traitements, dans le cadre de la mucoviscidose. Disposer de tels scores est indispensable pour évaluer les nouveaux médicaments. Le projet sur la mucoviscidose a bien sûr beaucoup intéressé l’association Vaincre la mucoviscidose, qui vient de financer un doctorant, élève de MINES ParisTech. La fondation des maladies rares est également très intéressée, car la démarche proposée est transposable à d’autres maladies, et permettrait de raccourcir les délais et surtout baisser le coût de la recherche sur les maladies rares et complexes.

Nous sentons qu’une vraie passion vous anime …

Je suis passionnée par ce que je fais, convaincue par la richesse de la multidisciplinarité. J’ai la conviction qu’il faut se battre ensemble pour réussir, et qu’il ne faut pas hésiter à explorer toutes les pistes qui existent : ça prend beaucoup de temps et d’énergie mais c’est ça qui donne du sens à mon travail de chercheuse.

Propos de Véronique Stoven, recueillis par Sandrine Kletz

Pour en savoir plus sur le CBIO